Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Saint-Pierre du Gros-Caillou avec les diacres d’Île-de-France
Samedi 20 janvier 2018 – Saint-Pierre du Gros-Caillou (7e)
– 2e semaine Temps ordinaire – Année B
– 2 S 1,1-4.11-12.19.23-27 ; Ps 79,2-3.5-7 ; Mc 3,20-21
Si quelqu’un que vous connaissez bien a un comportement inhabituel, vous dites : « qu’est-ce qu’il lui prend » ? Puis s’il persiste, vous finirez par dire : « il a perdu la tête ».
C’est bien ce que font ces proches de Jésus. Ces « gens de chez lui » sont certainement les familiers de Nazareth qui le connaissent bien, qui ont grandi avec lui et qui déjà, devant ses miracles, disaient : « mais n’est-il pas le fils du charpentier, sa mère n’est-elle pas avec nous » ? Ils s’étonnaient ainsi de tout ce qu’on disait de lui alors que, eux, pensaient le connaître bien davantage.
Ce sont sans doute les mêmes qui, à Nazareth, alors que Jésus lisait le prophète Isaïe : « le Seigneur m’a consacré par l’onction » en commentant lui-même ce passage : « c’est aujourd’hui que cela s’accomplit » ont cherché à le précipiter depuis une hauteur à la sortie du village.
Comme il est difficile de changer notre regard sur les autres. Comme il est difficile de sortir de nos schémas, de nos classifications et tellement facile de coller une étiquette sur quelqu’un pour l’enfermer dans nos certitudes paisibles.
Alors que Jésus s’affirme l’oint du Seigneur, ces proches de Nazareth, ses amis qui ont grandi avec lui, ne respectent pas l’oint du Seigneur parce qu’ils ne veulent pas le reconnaître tel. Ils ont le cœur dur.
Quel contraste avec l’attitude généreuse et magnanime de David envers le roi Saül. Ce dernier a cherché à le tuer par jalousie, l’a obligé à fuir et à vivre en exilé. Et voilà qu’il pleure sincèrement ce Saül, de la même manière qu’il l’avait épargné lorsqu’il était à portée de son épée. David pardonne à son ennemi parce que le roi Saül est l’oint du Seigneur. Le respect de David envers Dieu est tellement grand qu’il est capable de pardonner à son ennemi.
La Bible nous révèle que David est un grand pécheur, mais il devient une figure évangélique anticipée car il sait s’en remettre à la miséricorde de Dieu dans une confiance totale. Puissions-nous comme lui apprendre à changer notre regard et notre attitude afin que la grâce divine ne se heurte pas à la raideur de nos certitudes. C’est alors que nous serons vraiment configurés au Christ serviteur.
Assouplissons notre cœur !
+Michel Aupetit, archevêque de Paris.