Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe des consacrés à Notre-Dame - Présentation du Seigneur

Notre-Dame de Paris - Vendredi 2 février 2018

 Hé 2 ; 14-18 ; Ps 23,7-10 ; Lc 2, 22-40

Quelle scène étonnante ! Deux jeunes parents avec un bébé qui viennent accomplir ce que Dieu demande dans sa loi. Et au milieu de ce temple, deux vieillards qui reconnaissent en cet enfant l’envoyé de Dieu, le messie. Au milieu d’une foule nombreuse et de personnes religieuses tout à fait aptes par leur science à reconnaître celui qu’Israël attendait, ce sont Syméon et Anne qui prophétisent à son sujet. Pourquoi ces deux-là plutôt que les scribes et les pharisiens ?

J’y vois une première raison qui fera plaisir aux plus anciens dont je fais partie maintenant. Les années qui passent sont comme l’assiette que le chercheur d’or plonge dans la rivière et vide au fur et à mesure en laissant partir d’abord ce qui est plus léger et sans valeur. Ne reste au fond que ce qui a du poids c’est-à-dire les pépites d’or. Dans notre jeunesse nous ramassons tout ce qui passe à notre portée. On appelle cela l’expérience. Mais quand notre vie s’écoule nous ne gardons que le plus précieux et il est réjouissant et plein d’espérance que ce plus précieux soit l’amour de Dieu.

La deuxième raison me semble plus importante. S’ils ont reconnu en Jésus le messie, c’est avant tout parce qu’ils sont des chercheurs de Dieu. On peut chercher la gloire, le pouvoir, la fortune, le plaisir, l’amour. Eux, Syméon et Anne cherchent Dieu. Le Seigneur nous l’a dit : « cherchez le royaume de Dieu et le reste vous sera donné par surcroît ». Croyons-nous cela ?

Le chercheur de Dieu trouve sa joie dans cette recherche. Il y a longtemps que Syméon avait préparé son cœur à cette rencontre. La prophétesse Anne servait Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière en restant toute proche du Temple. C’est en cherchant Dieu qu’ils trouvaient leur joie. Voilà pourquoi cette fête est aussi celle des religieux, religieuses et consacrés. Ces chercheurs de Dieu sont les veilleurs d’aujourd’hui qui indiquent au monde, celui qui vient, donne la vie, transforme toute chose, embellit le monde et transfigure nos vies. Celui aussi qui nous a rendus libres de la mort par sa résurrection, nous ouvrant ainsi les chemins nouveaux. Pour nous sortir de la situation d’esclave, comme le dit l’auteur de la lettre aux Hébreux.

Ceux qui consacrent leur vie à cette recherche en y engageant leur personne toute entière, leur esprit et leur corps illuminent ce monde en lui donnant son sens ultime. Tout est transfiguré de nos activités quand elles sont imprégnées de cette recherche : le labeur quotidien, l’œuvre artistique, le soin des malades, l’éducation des jeunes, toutes choses que les religieux, religieuses et consacrés ont mis en place depuis des siècles.

Il n’est pas du tout anodin de soigner les malades, d’éduquer les jeunes, de porter le monde dans la prière lorsque l’on est consacré, car c’est le visage du Christ que ceux-là reconnaissent dans ceux qu’ils servent. Il ne s’agit pas seulement d’exercer une fonction particulière.

C’est le don de soi même que l’on a offert au Christ qui se prolonge dans le don de soi aux autres.

Chercheurs de Dieu, merci de nous montrer le chemin d’un amour plus grand !

+ Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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