Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Notre-Dame de Paris
Notre-Dame de Paris - Dimanche 2 septembre 2018
– 22e dimanche ordinaire – Année B
– Dt 4, 1-2.6-8 ; Ps 14,2-5 ; Jc 1,17-18.21b-22.27 ; Mc 7,1-8.14-15.21-23
« Rien d’extérieur à l’homme ne peut souiller l’homme »
« Michel va te laver les mains avant de manger ». Ma mère, qui n’était pas pharisienne, m’a souvent enjoint cette forme élémentaire d’hygiène alimentaire lorsque j’étais enfant. Mais ce que font les pharisiens n’a rien à voir avec l’hygiène. Pasteur n’était encore qu’un projet très lointain du Seigneur. Il s’agit d’un acte religieux, comme il en existe encore dans d’autres religions sous le nom d’ablutions rituelles. En effet, le repas juif revêt un caractère sacré qu’il convenait d’honorer ainsi.
Il ne faut pas confondre la maladie et le mal.
La maladie peut s’introduire du dehors. Cet été vous avez peut-être attrapé la « tourista », quelques méchants virus ou bactéries qui sont venus de l’extérieur perturber le fonctionnement de votre bel organisme. Or, ces microbes, pas plus que le fait de toucher un lépreux comme le fit Jésus jadis, ou encore le fait de manger le sang des animaux, une vache sacrée ou ce pauvre cochon si souvent méprisé, rien de tout cela, vraiment, ne nous sépare de Dieu.
Jésus déclare qu’il n’y a pas d’aliments impurs. « Rien d’extérieur qui pénètre dans l’homme ne peut le souiller parce que cela ne pénètrent pas dans son cœur mais dans son ventre » (Mc 7, 14).
Ce qui sépare de Dieu, c’est le mal qui vient du cœur de l’homme, du dedans. C’est la perversité de nos pensées, de nos paroles et de nos actions mauvaises que Jésus énumère dans cet évangile : « débauche, vols, meurtre, adultère, cupidité, perversité, fraude, envie, diffamation, orgueil et démesure ».
Dans la deuxième lecture nous avons entendu saint Jacques qui, en véritable disciple du Seigneur Jésus, invite à ne pas en rester aux pratiques cultuelles pour pratiquer une religion du cœur par une charité réelle envers les pauvres.
Toutes les pratiques trouvent leur sens dans l’amour qui en est la source et la finalité. Cette loi auquel les pharisiens sont tellement attachés n’avait qu’un seul but, la charité. Comme le disait saint Paul : « l’accomplissement parfait de la loi, c’est l’amour » (Rm 13,10). Voilà pourquoi Jésus peut dire en vérité : « je ne suis pas venu abolir la loi mais l’accomplir » (Mt 5,17).
La loi n’est plus une contrainte extérieure, car c’est dans l’amour que Jésus a réuni le service qu’il est venu accomplir et la liberté qu’il exerce, cet amour qui se résume dans le Don de soi pour le bien de l’autre.
+Michel Aupetit, archevêque de Paris.