Homélie de Mgr Michel Aupetit – Messe à Saint-Eustache (1er) pour la Journée mondiale des Pauvres et à Notre-Dame de Paris

Dimanche 18 novembre 2018

 Voir l’album-photos de la célébration diocésaine à Saint-Eustache.

 33e dimanche Temps Ordinaire - Année B
 Dn 12,1-3 ; Ps 15,5.8-11 ; He 10,11-14.18 ; Mc 13,24-32

« Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront » (Dn 12, 2)

Que nous soyons riches, que nous soyons pauvres, une question se pose à tous : y a-t-il pour moi un avenir ? Oui, bien sûr, plus ou moins heureux, mais jusqu’à quand ? Jusqu’à la MORT. La mort, le plus grand ennemi de l’homme. Jésus assume l’humanité. Lui qui est immortel comme Dieu devient mortel comme l’homme. Ainsi la mort devient son premier ennemi. L’épitre aux Hébreux le dit : « auprès du Père, il attend que ses ennemis soient mis sous ses pieds ». Saint Paul ajoute quand il écrit aux Corinthiens : « et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort ». Notre avenir, quel qu’il soit, est borné par la mort. Jésus par sa résurrection a fait sauter cette limite. Déjà dans la lecture du prophète Daniel, nous avons lu qu’il y avait cette espérance la résurrection, de la reviviscence de notre corps : « beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront ».

Une vie qui n’a pour seule perspective que la mort est une impasse. Or, Jésus, par sa résurrection, nous ouvre un chemin au-delà de la mort : « je suis le chemin, la vérité, la vie » (Jn 14, 6).

La Résurrection du Seigneur est comme la prémisse de notre vie éternelle. Comme le dit Jésus : « laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent des feuilles, vous savez que l’été est proche ». Ce que certains appellent la fin du monde est en réalité un commencement. La fin du monde veut dire qu’il a une finalité, un but, un sens.

C’est un peu comme lorsqu’une femme enceinte arrive à son « terme ». Le mot terme signifie la naissance. Le terme de la grossesse est le commencement de la vie visible. Saint Paul dit que la création est en travail d’enfantement. C’est un monde nouveau qui apparaîtra autour du Christ, car Dieu va lever le voile (apocalypse) pour découvrir l’amour. La résurrection du Seigneur, qui est le cœur même de notre foi, est le signe de la vie plus forte que la mort et de l’amour plus fort que la haine.

Il y a donc un avenir pour nous, un avenir éternel. La mort qui nous fait si peur et que l’on essaie de cacher dans notre société n’est pas une impasse. Au moment de la mort, nous croyons que l’homme, doué d’une âme immortelle, rencontre son Créateur et Seigneur. Comme le dit l’apôtre saint Jean : « lors de cette manifestation nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’il est » (I Jn 3, 2). C’est cette connaissance de Dieu, non pas intellectuelle, mais amoureuse, cette relation fondatrice et créatrice qui nous fait entrer dans la vie éternelle. Jésus lui-même nous le dit : « la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17, 3). Chacun dans son âme immortelle reçoit dès sa mort un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ. Comme le dit saint Jean de la Croix : « au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour ».

Impossible d’entrer dans l’amour absolu sans correspondre absolument à l’amour. Dieu peut alors permettre une purification pour nous ajuster parfaitement à son amour. C’est ce que l’Église appelle le purgatoire.

Alors que signifie la résurrection des morts que nous affirmons dans le Credo ? Elle n’a pas lieu au moment de la mort. A ce moment nos corps restent sans vie. C’est au retour du Christ, qu’en langage théologique on appelle « parousie », que se fera cette résurrection de notre être tout entier, corps et âme. C’est l’aboutissement de la nouvelle création inaugurée par la Résurrection du Seigneur. Il s’agira d’un corps glorieux comme celui de Jésus au jour de Pâques : transfiguré, spirituel, en harmonie parfaite avec l’âme régénérée par l’amour de Dieu. Ce sont tous les obscurs, les petits, les cachés qui seront resplendissants de la gloire même de Dieu, conformés au Christ Jésus venu avec la puissance créatrice de son amour rassembler les siens. Ceux-là ont leur nom inscrit au Livre de Vie.

Voulez-vous que votre nom soit inscrit au Livre de Vie ?

+Michel AUPETIT, archevêque de Paris.

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