Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe en l’église du Bon Pasteur
Bon Pasteur (11e) - Dimanche 16 décembre 2018
– 3e dimanche de l’Avent – Année C
– So 3,14-18a ; Is 12,2.4-6 ; Ph 4,4-7 ; Lc 3,10-18
Ces gens qui viennent vers Jean le Baptiste lui demandent tous : « que faut-il faire » ? Quand nous sommes un peu déboussolés, désorientés, comme ce que nous vivons actuellement en France, nous demandons nous aussi : que faut-il faire ? Que faut-il faire pour sauver la planète ? Pour apaiser les Français en colère ? Pour lutter contre le terrorisme islamiste ?
Face à cette question, Jean-Baptiste prône la justice, le respect du droit qui correspond au Décalogue de Moïse. A la foule, il préconise le partage : « si tu as deux manteaux, donne-en un à celui qui n’en a pas. De même pour la nourriture ». Aux collecteurs d’impôts, Jean-Baptiste demande ne pas s’enrichir illégalement. Enfin, aux soldats, il demande renoncer à la violence et de ne pas piller ou voler les victimes de la guerre. En demandant ce qui est juste, Jean-Baptiste permet de former des hommes de bonne volonté.
Est-ce suffisant ? Oui, pour vivre en paix. Mais cela ne peut combler le cœur de l’homme. C’est pourquoi Jean-Baptiste annonce un messie plus grand que lui qui va nous entraîner beaucoup plus loin. Jésus demande :
« À qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique » (Lc 6, 29).
« A qui te prend ton bien, ne le réclame pas » (Lc 6, 30).
« Va, vends tout ce que tu as et tu auras un trésor dans le Ciel » (Mt 19, 21).
« Aimez vos ennemis. Faites du bien à ceux qui vous haïssent » (Mt 5, 44).
Utopique ? Non, divin. Dieu seul réalise cela. Ce qui est impossible à l’homme est possible pour Dieu.
Beaucoup se contentent d’un humanisme des valeurs, mais cela laisse insatisfait. L’humanisme sans Dieu conduit peu à peu à l’estompement de la dignité humaine. A titre d’exemple, l’idéologie « anti-spéciste » nie la valeur propre et spécifique de l’homme.
La Parole du Seigneur nous invite à un « toujours plus », un impossible qui demande le secours de la grâce : « soyez parfaits comme votre Père Céleste est parfait » (Mt 5, 48). Voici le chemin de la joie qui s’ouvre à nous en ce dimanche de Gaudete. Elle est la joie de correspondre à un autre que soi, d’ouvrir notre cœur à Celui qui vient.
Le sentiment d’œuvrer pour accomplir la justice procure le contentement de soi. Mais lorsque l’Esprit de Dieu habite l’homme naît le mystère de la joie, celle d’être saisi et dépassé par la Présence de Dieu qui nous donne d’aimer comme Il aime.
+Michel AUPETIT, archevêque de Paris.