Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe de rentrée de la Faculté Notre-Dame
Saint-Etienne du Mont (5e) - Lundi 16 septembre 2019
– Messe votive à l’Esprit Saint
- 1 Tm 2,1-8 ; Ps 27,1-2.7-9 ; Lc 7,1-10
« Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » (1 Tm 2,4). Cette affirmation de saint Paul à son disciple Timothée nous montre comment la Providence ajuste adéquatement les textes du jour avec ce que nous avons à vivre.
Oui, la volonté de Dieu est le salut de tous les hommes afin qu’ils puissent accueillir la plénitude de la vérité. N’est-ce pas justement le rôle, la mission d’une faculté de théologie ?
Cette faculté a été voulue dès le départ comme une faculté diocésaine est aussi comme la faculté du séminaire. Je me réjouis profondément de ce qui s’y enseigne dans la fidélité à l’enseignement permanent de l’Église et aussi des modalités particulières qui forment l’intelligence des étudiants.
Les séminaires, en plus des cours magistraux, donnent de se confronter aux questions du monde et préparent à l’écoute mutuelle et à la confrontation des savoirs.
Le tutorat, qui pour moi est infiniment précieux, permet à chacun de donner le meilleur et à tous de réussir. Merci pour cette richesse incontestable qui doit demeurer le ferment de notre faculté.
La confluence entre le salut pour tous les hommes et la pleine connaissance de la vérité doit nous habiter toujours comme elle habitait saint Paul.
Une théologie hors sol ne nourrit personne et ne se nourrit que de conjectures intellectuelles. La théologie s’enrichit de la pastorale et la pastorale s’enrichit de la théologie. Il n’y a pas à choisir entre saint François Xavier qui fustigeait les beaux esprits de l’Université de Paris et ceux-là qui, par l’exercice de l’intelligence humaine, approfondissaient autant qu’il est possible le mystère du Salut. La théologie est missionnaire et la mission se nourrit de la théologie. Sans oublier la prière qui permet d’accueillir l’Esprit : « On peut faire de la théologie seulement à genoux ».
Écoutons ce que nous dit encore le Pape François « Nous pourrions dire que l’Université devient un laboratoire pour l’avenir du pays, puisqu’elle parvient à incorporer en son sein la vie et la marche du peuple, en surmontant toute logique antagoniste et élitiste du savoir. » [1]
Oui, je souhaite une faculté missionnaire qui forme les missionnaires dont notre monde a besoin, dont notre monde a soif. Former des prêtres et des laïcs missionnaires heureux de partager leur joie de vivre du Christ. C’est votre rôle essentiel.
Car le Christ n’agit pas en fonction des mérites personnels, comme pour ce centurion si généreux envers les juifs puisqu’il leur a construit une synagogue. Le Christ est bouleversé par la foi de cet homme et voilà pourquoi il peut agir dans ce cœur ouvert à la grâce.
Voilà le cœur même de notre mission : accueillir le don de la foi pour que le Seigneur agisse sur ceux que lui-même nous a confiés et dont nous avons la responsabilité. Bien sûr, elle ne peut s’accompagner que de l’espérance du Salut et de la charité qui habite vraiment le cœur de ce centurion envers son serviteur. Rappelons-nous cette phrase du Pape Benoît XVI : « Il y a l’amour riche d’intelligence et l’intelligence pleine d’amour ».
Aimons donc d’abord pour devenir plus intelligents du mystère divin qui féconde le monde.
+Michel Aupetit, archevêque de Paris.
[1] Pape François, 17 janvier 2018, discours à l’Université pontificale du Chili.