Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messes à Ste Marie des Batignolles (Paris 17e) et à St Germain l’Auxerrois (Paris 1er)

Dimanche 6 octobre 2019

 27e dimanche du temps ordinaire - Année C.

- Ha 1,2-3 et 2,2-4 ; Ps 94, 1-2.6-9 ; 2 Tm 1,6-8.13-14 ; Lc 17,5-10

Avez-vous la foi ? Pas facile de répondre à cette question. Bien sûr, si vous êtes ici, c’est que vous avez la foi me direz-vous. Vous croyez en Dieu le Père, vous croyez en Jésus et vous croyez que votre venue dans cette église vous permet de recevoir la Vie que donne l’Esprit du Seigneur.

Mais la question que je voudrais vous poser ce soir est la suivante : « Est-ce que la foi, c’est croire en Dieu ? » On peut croire en Dieu simplement parce qu’il est raisonnable de penser que tout ce qui existe ne vient pas de nulle part, qu’il faut forcément une origine, un commencement, une intelligence qui a pu créer ce monde magnifique, ce déploiement vers le complexe, cette impressionnante réalisation que constitue l’humanité. Pour cela, il n’y a pas besoin d’avoir la foi. Pour augmenter sa croyance en l’existence de Dieu, il suffit de continuer d’explorer ce qui nous entoure et de réfléchir sans a priori.

La foi, ce n’est pas croire à l’existence de Dieu. La foi, c’est croire ce que Dieu dit.

Vous avez remarqué que dans le Credo, nous ne disons pas « je crois à Dieu », c’est-à-dire à l’existence de Dieu, mais je crois « en » Dieu. Si vous dites : je crois en mon meilleur ami, je crois en ma femme, je crois en cet homme politique, cela signifie que vous avez confiance en eux, que vous pouvez vous reposer sur eux et que vous seriez capable de les suivre en abandonnant tout. Cela, c’est la foi.

C’est tout à fait différent de croire à quelque chose et de croire en quelqu’un. C’est l’écart qui existe entre un acte individuel de l’intelligence qui n’implique que nous-mêmes et une relation fondée sur la confiance. Pour connaître Dieu et lui faire confiance, il ne faut pas commencer par un travail de recherche, il faut établir une relation personnelle avec lui.

Aux personnes adultes qui demandent le baptême, le prêtre ne demande pas : croyez-vous en Dieu ? Non, le prêtre dit : « Que demandez-vous à l’Église de Dieu ? » et le catéchumène répond : « la foi ! »

Ce n’est que le jour du baptême, après un long chemin de préparation qui permet d’accueillir la foi, qu’il est demandé au catéchumène : « Croyez-vous en Dieu, le Père, le Fils et le Saint Esprit ? »

Autrement dit, la première démarche pour rencontrer Dieu est de demander la foi, puis de faire croître le travail de la raison pour rechercher la Vérité qui donne un sens à notre vie. C’est bien ce que le grand saint Augustin nous disait : « Je crois pour comprendre et je comprends pour mieux croire. »

La foi est un don gratuit de Dieu comme nous l’a rappelé saint Paul dans la deuxième lecture. Il poursuit en demandant à Timothée, son disciple : « Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous. » (2 Tm 1,14) C’est bien l’Esprit de Dieu qui vient éclairer notre intelligence pour que notre raison puisse grandir dans la foi.

La parole de Jésus au sujet de la puissance de la foi peut nous paraître étonnante : un arbre qui se plante dans la mer. Dans la tradition juive, la mer symbolise les forces du mal et de la mort alors que l’arbre évoque la vie et la fécondité. Cela veut dire que la foi implante la vie au milieu même de la mort.

Mais la foi n’est pas d’abord faite pour une satisfaction personnelle : « N’aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur. » (2 Tm 1,8) La foi fait de nous des témoins, des missionnaires. Le Pape François a fait de ce mois d’octobre le « mois missionnaire extraordinaire ».

C’est lui, le Pape François, qui nous rapporte dans son encyclique Lumière de la foi : « Celui qui s’est ouvert à l’amour de Dieu, qui a écouté sa voix et reçu sa lumière, ne peut garder ce don pour lui. »

Alors frères et sœurs, en route pour la mission dans la foi qui transporte les montagnes !

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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