Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe de Pâques (à huis-clos)
Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 12 avril 2020
– Dimanche de Pâques - Année A
- Ac 10, 34a.37-43 ; Ps 117 (118), 1.2, 16-17, 22-23 ; Col 3, 1-4 ; 1 Co 5, 6b-8 ; Jn 20, 1-9 ; Lc 24, 13-35
« De quoi discutiez-vous en marchant » ? « Tu es bien le seul qui ignore les événements de ces jours-ci ». « Quels événements » ?
Comment, tu n’as pas entendu parler du coronavirus ? Mais tout le monde ne parle que de ça et de ses conséquences ?
Que nous répondrait Jésus ? Nous l’ignorons.
Mais assurément il nous ferait découvrir comment les Écritures peuvent nous donner de la lumière dans cette obscurité. Pendant ce carême vécu dans la solitude et le confinement, bien des paroisses ont essayé d’apporter le réconfort de la Parole de Dieu, en programmant des « lectio divina », des parcours bibliques, des partages d’évangile pour que nos cœurs deviennent plus brûlants.
Mais cela, bien sûr, ne remplace pas l’eucharistie, la messe où le Seigneur vient lui-même se donner en nourriture. Car, après avoir expliqué aux pèlerins d’Emmaüs les Écritures, Jésus prononce la bénédiction, rompt le pain et le leur donne. Or, la fraction du pain est le premier nom donné à l’eucharistie, à la messe. Oui, nous avons vraiment besoin que Jésus ressuscité vienne nous rejoindre par cette présence réelle.
Les Écritures ont pour but de nous ouvrir à l’eucharistie, de préparer nos cœurs à accueillir l’amour brûlant du Seigneur, comme cela se passe au cours de chacune de nos messes.
Mais avez-vous remarqué que, dès qu’ils le reconnaissent à la fraction du pain, Jésus disparait à leurs yeux. On ne peut pas saisir le Christ, on ne peut pas se l’approprier. Il se donne mais ne sera jamais captif de notre désir.
Peut-être est-il bon de méditer cela en ce temps de jeûne eucharistique.
Ce qu’il nous reste alors, c’est de bondir et d’annoncer que le Seigneur est vivant, vraiment ressuscité comme le font les pèlerins d’Emmaüs. C’est alors qu’il faut devenir des disciples missionnaires comme dit le Pape François.
Il nous faut accomplir ce parcours d’Emmaüs : nous nourrir de la Parole de Dieu dans la lumière de l’Esprit Saint pour que nos yeux se dessillent et reconnaissent Jésus vraiment présent à la messe et pour le recevoir comme un cadeau afin de devenir un disciple missionnaire pour annoncer cette nouvelle inouïe :
La mort est vaincue ! Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !
+Michel Aupetit, archevêque de Paris.