Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Saint-Germain l’Auxerrois

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 30 août 2020

 22e dimanche ordinaire - Année A

- Jr 20, 7-9 ; Ps 62,2-6.8-9 ; Rm 12,21-27 ; Mt 16,21-27

Il est difficile d’être chrétien. On nous traite souvent de ringards, de gens dépassés, hors de leur temps parce que nous sommes en décalage avec le monde. De fait, si nous regardons l’histoire, nous avons toujours été en décalage avec le monde.

Au-delà de la versatilité de l’opinion toujours fluctuante de la majorité, le christianisme s’appuie seulement sur l’évangile, se réfère en permanence au Christ. Le Christ n’est pas une opinion. Le Christ est une personne, une personne divine au-delà du temps et de l’espace. Voilà pourquoi les chrétiens ne peuvent pas être des moutons de Panurge. Ils sont des hommes et des femmes libres.

Je dirais même que les chrétiens sont le poil à gratter du monde. Ce qu’on appelle en d’autres temps des prophètes, ce que nous sommes vraiment par notre baptême par lequel nous avons été institués prêtres, prophètes et rois.

Est-ce que cela nous amuse d’être souvent à contre-courant ? Non, car nous ne sommes pas des provocateurs comme certains. A l’instar de Jérémie, nous souffrons de voir nos frères humains s’éloigner de l’évangile du Christ.

Jérémie nous dit : « Tout le monde se moque de moi ». Mais il explique pourquoi il persiste dans son rôle prophète : « Tu m’as séduit Seigneur et j’ai été séduit. La Parole du Seigneur était comme un feu brûlant dans mon cœur » (Jr 20,7.9).
C’est donc au nom de cet amour du Seigneur, au nom de notre amour du Christ que nous sommes en décalage.

Sommes-nous encore chrétiens ? Pour cela il faut répondre à cette interrogation : dis-moi qui tu aimes et je te dirai qui tu es. Il y a un choix et c’est un choix d’amour. Comme le dit saint Augustin : « La grande affaire de la vie doit être de bien choisir ce que l’on doit aimer ».

Aimer Jésus, c’est l’écouter nous dire comme à ses disciples dans cet évangile : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ».

Aimer, c’est renoncer à soi-même par amour.

Le temps est venu, je crois, de savoir si nous aimons vraiment Jésus jusqu’au bout, au point d’entrer dans la volonté de Dieu pour changer le monde en commençant par se changer soi-même.

+ Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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