Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe du 1er dimanche de l’Avent à St Germain l’Auxerrois
Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 29 novembre 2020
– 1er dimanche de l’Avent – Année B
- Is 63, 16b-17.19b ; 64, 2b-7 ; Ps 79 (80), 2ac.3bc, 15-16a, 18-19 ; 1 Co 1, 3-9 ; Mc 13, 33-37
J’imagine que vous avez un téléphone portable sur vous. Est-ce que vous l’avez mis en veille ou l’avez-vous éteint ? Ce n’est pas du tout pareil. S’il est en veille il suffit d’un clic pour le redémarrer. Etre en veille, c’est être toujours réactif. La question posée aujourd’hui est la suivante : est-ce que nous sommes totalement éteints ou est-ce que nous sommes en veille
Jésus nous dit : « Veillez ! ». Il s’agit d’un impératif, ce n’est donc pas facultatif. D’ailleurs c’est une constante biblique : « Sous tes remparts Jérusalem, j’ai placé des veilleurs » (Is 62,6). Jésus reprend les quatre veilles classiques : le soir, à minuit, au chant du coq et le matin.
Jésus nous dit : « Prenez garde » (Mc 13,33). Prenez garde signifie que l’on prend une garde. Il y a comme cela beaucoup de professions qui sont de garde, c’est-à-dire qui restent éveillées quand les autres dorment : les pompiers, les policiers, les médecins, les infirmières.
Je me souviens de mes premières gardes à l’hôpital. J’étais angoissé en attendant l’urgence éventuelle. Je n’arrivais pas à dormir et j’étais toujours en éveil. Au bout de quelques mois, j’ai fini par m’habituer et par m’endormir. Le problème, c’est qu’au moment de l’urgence l’épouvantable bip me réveillait en sursaut et que j’arrivais hagard, échevelé et livide auprès du patient. Quand le Seigneur reviendra, serai-je en éveil prêt à le recevoir ou sorti péniblement de mon sommeil les yeux floutés sans pouvoir le reconnaître ?
Comment comprendre le temps que nous vivons ?
A Noël c’est la vie qui commence. La vie de Dieu vient rejoindre notre humanité puisque le Verbe se fait chair et que Dieu vient vivre en nous pour que nous vivions en lui de sa divinité. Alors Noël est comme une fécondation. La fécondation de la vie éternelle. Nous attendons le retour du Christ et depuis quelques dimanches nous parlons de son retour en gloire. Nous le verrons tel qu’il est et l’on peut dire qu’il s’agira alors d’un accouchement, c’est-à-dire du moment où le bébé apparaît tel qu’il est puisque nous voyons son véritable visage.
Alors, ce temps que nous vivons entre la première venue de Jésus il y a 2000 ans et le Jour où il va nous rejoindre dans la gloire est comme le temps de la grossesse. Dieu est là, comme l’enfant dans le ventre de sa mère, mais il n’est pas visible. Nous avons des signes indirects de sa présence comme la maman qui sent les coups de pied de l’enfant à partir du quatrième mois. On entend aussi les battements de son cœur. L’échographie nous donne d’être sûrs de sa présence sans pour autant le voir vraiment. L’image est un peu floue mais nous savons qu’il est là. Aujourd’hui, c’est ce que nous vivons. Jésus est vraiment là au milieu de nous mais nous n’avons que des signes indirects de sa présence. Il est présent dans le silence de notre prière si nous sommes attentifs, et en nous nourrissant de sa Parole nous pouvons entendre les battements de son cœur qui nous aime. Comme une maman qui nourrit son enfant de son sang par le cordon ombilical, Jésus nous nourrit de son corps et de son sang quand nous le recevons à l’eucharistie.
Alors en ce temps de la grossesse, soyons comme une maman qui veille sur le bébé qui grandit dans son ventre. Soyons ces veilleurs qui n’hésitent pas à réveiller les endormis pour leur annoncer une joyeuse nouvelle : il est vivant !
+Michel Aupetit, archevêque de Paris