Homélie de Mgr Michel Aupetit - Nativité du Seigneur - Messe de la nuit St Germain l’Auxerrois
Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Jeudi 24 décembre 2020
– Nativité du Seigneur
Messe de la nuit
- Is 9,1-6 ; Ps 95 ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14
CADEAU
En ces temps dramatiques, on a presque honte de se souhaiter un joyeux Noël. Nous ne pourrons pas nous réunir comme prévu et sans doute beaucoup d’entre vous resteront seuls. Que nous reste-t-il ? Nous faire des cadeaux ! Mais en fait, pourquoi nous offrons-nous des cadeaux le soir de Noël ? Parce que c’est un anniversaire ! Ce n’est pas votre anniversaire à vous, c’est l’anniversaire de Jésus, c’est sa naissance que nous fêtons. Au fond, c’est lui qui devrait recevoir des cadeaux. Qu’est-ce qu’il reçoit comme cadeaux ? On sait que plus tard les mages lui apporteront de l’or, de la myrrhe et de l’encens. Mais aujourd’hui ?
En fait, ce n’est pas un objet précieux que Jésus est venu chercher dans notre monde. Ce que Jésus est venu chercher, c’est notre amour. Il est le Fils de Dieu, et le seul cadeau que l’on peut offrir à Dieu c’est notre amour. C’est le seul cadeau qu’il désire.
Alors ? Cela commence mal. Il n’y a pas de place pour lui à l’hôtel, dans la salle commune. Il doit naître dans une étable. Mais il va trouver l’amour de Marie et l’amour de Joseph qui vont l’accueillir et l’adorer. Le voilà son cadeau, son vrai cadeau, son seul cadeau.
DIEU ARRIVE : SUPERMAN OU ENFANT
Et comment Jésus peut-il trouver ce cadeau de l’amour des hommes ? Nous imaginerions volontiers que Dieu vienne dans le monde comme un prince tout-puissant ou comme Superman. Dans ce cas on va l’admirer, être ébloui, mais on ne va pas l’aimer.
Alors Jésus vient comme un petit enfant, fragile. Personne n’a peur d’un tout petit enfant. Au contraire on est tout attendri, on a envie de le protéger. On n’imagine pas que le Fils de Dieu vienne comme un tout petit. Comment faire pour le reconnaître ? Il faudra le voir avec les yeux du cœur comme Marie, Joseph et les bergers. Ces yeux du cœur sont ceux de la foi.
Un enfant est celui qui est « sans parole » (infans). Dieu ne commence pas par s’exprimer par des mots mais par sa présence. Dieu nous parle d’abord par sa présence. Voilà pourquoi il faut l’accueillir. Comme à la messe, Dieu se rend présent dans le Corps de Jésus-Christ. C’est la présence réelle. Elle ne se découvre que par les yeux d’un cœur plein de foi.
DIEU SE LAISSE MANGER
Comment Dieu manifeste-t-il cet amour ? En se laissant manger ! Avez-vous vu ce que fait la Vierge Marie ? Où va-t-elle coucher Jésus une fois qu’elle l’a emmailloté ? Dans une mangeoire ! Et que met-on dans une mangeoire ? De la nourriture. C’est un geste prophétique extraordinaire que pose la Vierge Marie. En effet, cet enfant mis dans une mangeoire deviendra pour chacun le pain du Ciel. C’est lui qui dira : « Ma chair est la vraie nourriture » (Jn 6, 55).
Voilà pourquoi nous recevons l’hostie dans nos mains. C’est son Corps qui se livre dans nos mains, comme autrefois dans la mangeoire. Cette hostie est aussi fragile et vulnérable que l’enfant dans l’étable de Bethléem. Jésus vient encore jusqu’à nous à chaque messe avec humilité pour ne pas nous effrayer, pour prendre chair en nous, pour nous aimer et être aimé.
Ce soir de Noël nous pouvons vraiment chanter avec les anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».
+Michel Aupetit, archevêque de Paris.