Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à ND de Lorette

Notre-Dame de Lorette (9e) - Dimanche 17 janvier 2021

– 2e Dimanche du Temps ordinaire – Année B
- 1 S 3,3b-10.19 ; Ps 39,2.4.7-11 ; 1 Co 6,13c-15a.17-20 ; Jn 1,35-42

Souvent cette question nous est posée : quelle est ma vocation ? Depuis le début de son pontificat, le pape François a donné la vocation de tout baptisé : être disciple missionnaire.

C’est merveilleux, cet évangile que nous venons de lire nous montre la manière de le devenir. D’abord il y a quelqu’un qui désigne le Seigneur, comme ici Jean-Baptiste : « Voici l’Agneau de Dieu » (Jn 1,29). Et c’est ainsi pour chacun de nous. Pour rencontrer Jésus et savoir qui il est, il faut une personne qui nous le fasse connaître. Ce peut être notre maman, un frère, un ami, un prêtre, une dame catéchiste, une rencontre, une lecture, bref, quelqu’un qui nous révèle celui qui peut changer notre vie. Il peut aussi s’agir d’un appel intérieur comme pour le jeune Samuel. Là aussi il faudra quelqu’un qui, comme le prêtre Eli, nous fasse comprendre que c’est bien Dieu lui-même qui nous appelle.

La deuxième étape du disciple, consiste à le suivre. Il s’agira alors de lire les évangiles, de se renseigner sur ce Jésus dont on nous parle, d’avoir envie de le connaître, enfin bref : de chercher à le rejoindre. Il est indispensable de se mettre en route et de ne pas rester figé sur sa réserve ou sur ses interrogations.

Puis c’est la rencontre. Ce n’est pas nous qui en avons l’initiative. Jésus voit qu’on le cherche, se retourne et leur dit : « Que cherchez-vous ? » (Jn 1,38). Cette rencontre prend des formes différentes. Je le vois dans les lettres de catéchumènes adultes qui m’écrivent pour demander le baptême. Cette rencontre est toujours unique et personnelle chacun peut dire quand elle s’est produite.

La quatrième étape change notre positionnement. Il ne s’agit plus de marcher derrière Jésus mais avec Jésus. Nous ne sommes plus à distance. Nous mettons nos pas dans ses pas.

Enfin la dernière étape du disciple consiste à demeurer avec Jésus. Nous ne sommes pas des passants. Nous ne pouvons pas fureter de sentiments en sentiments. Le papillon butine. Le disciple demeure. Être quelque part ! Ce que dans les la phraséologie moderne on appelle les « somewhere », les gens de quelque part. C’est vrai que ceux qui sont le plus à la mode sont les « anywhere », ceux qui sont de nulle part et ne se posent jamais. Ils se croient libres, en fait ils ne sont que volatiles et s’enfoncent dans l’inconsistance.

Quand on est resté assez longtemps dans la lumière du Christ, il n’est pas possible de la garder pour soi : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’évangile » (1 Co 9,16) disait saint Paul. André va chercher son frère, il devient missionnaire parce que le vrai disciple est toujours missionnaire. Vous voyez, il commence par sa famille, il ne monte pas sur un tabouret pour haranguer la foule. Ce n’est pas si facile d’être missionnaire auprès de sa famille en raison d’une certaine pudeur qui nous paralyse. Pourtant c’est le lieu le plus essentiel, le plus naturel pour la mission, pour partager avec ceux que l’on aime ce qui est devenu notre trésor : « Là où est ton trésor là aussi sera ton cœur » (Mt 6,21) disait Jésus.

Tout ce parcours particulier de l’apôtre André nous permet de comprendre cette vocation qui est la nôtre à nous qui sommes baptisés : devenir disciples missionnaires. Mais dans quel but ? Le pape François nous l’a dit : pour vivre la joie de l’Évangile. Car c’est une joie extraordinaire de connaître le Christ et de le faire connaître.

+ Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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