Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Saint-Germain l’Auxerrois (huis-clos)

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 31 janvier 2021

– 4e dimanche du Temps Ordinaire – Année B
 huis-clos télédiffusée par KTO
- Dt 18,15-20 ; Ps 94, 1-2.6-9 ; 1 Co 7,32-35 ; Mc 1,21-28

Jésus enseigne avec autorité, non pas comme les scribes. Qu’est-ce que cela veut dire ? Du coup, je me pose la question : est-ce que je vous parle avec autorité ? Ou bien est-ce que je vous parle comme les scribes au temps de Jésus ? A première vue, je parle plutôt comme les scribes. En effet, je ne parle pas de moi-même, à partir de ce que je suis, mais à partir de la parole de Dieu que je commente, comme le font les scribes.

Jésus parle avec autorité. Tout simplement parce qu’il parle de lui-même. Il est la Parole de Dieu. Ce logos exprime tout à la fois la pensée, la parole et l’agir de Dieu. Il est « Dieu incarné » et tout son être exprime Dieu. Les démons en sont témoins : « Tu es le Saint de Dieu » (Mc 1,24).

Tel n’est pas le cas des scribes qui commentent cette Parole de Dieu. Ainsi, quand je vous parle, je le fais à partir de mon expérience personnelle, de ce que j’ai appris et même si j’entretiens l’intimité avec Dieu par les sacrements et la prière, je ne m’adresse pas à vous avec autorité comme le fait Jésus quand il parle : « En vérité, je vous le dis ».

Cependant, Jésus a promis à ses apôtres l’Esprit Saint en affirmant : « Ne vous souciez pas de ce que vous direz, l’Esprit Saint parlera en vous » (Mt 10,19-20). La seule véritable autorité que nous pouvons avoir, c’est celle qui est donnée par l’Esprit Saint dans la mesure où nous ne lui faisons pas obstacle et où nous le laissons prendre toute sa place. C’est d’ailleurs pourquoi je prie toujours l’Esprit Saint avant l’homélie pour me désapproprier des mots que je vais prononcer. Car c’est lui, le Saint-Esprit, qui connaît le cœur de chacun et qui peut donner à chacun la nourriture spirituelle dont il a besoin.

Alors, mais alors seulement, c’est dans cette désappropriation que je peux parler au nom du Seigneur car ce n’est plus de ma propre autorité que je le fais, mais par l’Esprit qui parle en moi.

Comment Jésus exerce-t-il cette autorité ? En chassant les démons et en guérissant les malades. Autorité veut dire étymologiquement « faire grandir ». Pour faire grandir, le Seigneur commence par rétablir ce qui est abîmé : l’âme et le corps. Sa parole divine chasse les esprits impurs, redresse les malades, pardonne aux pécheurs. Après seulement, il se met à prêcher. C’est parce qu’il fait du bien que les foules se mettent à sa suite. Ensuite, elles peuvent dire : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jn 7, 46). Il est important que l’Église retrouve cette vocation première de faire du bien pour qu’après sa parole soit audible et crédible.

L’envoyé de Dieu, le prophète, ne doit transmettre que les paroles que Dieu lui confie comme le Seigneur le dit à Moïse : « Je mettrai dans sa bouche mes paroles » (Jr 1,9).

Le prophète n’est pas seulement celui qui parle au nom de Dieu et en qui s’exprime sa Parole. C’est par toute sa vie que le prophète annonce le logos. C’est dans sa propre vie que la Parole de Dieu s’accomplit. Nous avons été baptisés dans le Christ, prêtre, prophète et roi. N’oublions pas la dimension prophétique qui annonce en nos vies la pleine réalisation de la vocation de l’humanité à entrer dans la communion d’amour du Père, du Fils et du Saint-Esprit. C’est le sens du célibat pour le Royaume qu’explique saint Paul aux chrétiens de Corinthe.

Elle annonce l’accomplissement de la vocation ultime de l’humanité où Dieu sera tout en tous et comblera pleinement les désirs infinis de l’homme dans l’infini de son Amour.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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