Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe avec les néophytes du diocèse de Paris à St Sulpice

Saint-Sulpice (6e) - Dimanche 11 avril 2021

– Dimanche de la Divine miséricorde - In albis – 2e dimanche de Pâques – Année B

- Ac 4,32-35 ; Ps 117,2-4.16-18.22-24 ; 1 Jn 5,1-6 ; Jn 20,19-31

Huit jours après Pâques, les Apôtres disent à Thomas qui était absent le jour de la Résurrection : « Nous avons vu le Seigneur ! » Nous croyons que Jésus est ressuscité, qu’il est vraiment ressuscité. Sur quoi repose notre foi ? Sur ce témoignage des Apôtres : « Nous avons vu le Seigneur. » Et pourtant c’est le témoignage de gens qui, eux-mêmes, ont refusé de croire à la Résurrection de Jésus. Quand Marie Madeleine et les saintes femmes sont venues leur dire qu’elles avaient vu Jésus, les onze Apôtres ne les ont pas crues. Quand les mêmes Apôtres disent : « Nous avons vu le Seigneur », Thomas ne reçoit pas leur témoignage. Souvent, comme saint Thomas, nous ne croyons que ce qui est crédible. Nous avons besoin d’une expérience ou d’une preuve pour croire : « Je ne crois que ce que je vois » ou bien « Je crois parce que je peux le prouver. »

Mais la foi, ce n’est pas la crédibilité, le croyable. Beaucoup ne peuvent croire que si c’est vraisemblable. Or le vrai n’est pas toujours le vraisemblable. La science moderne nous affirme des choses vraies qui sont difficiles à concevoir. Par exemple, le passage de la physique mécanique à la physique quantique a été pour beaucoup un abîme de perplexité.

Notre foi ne repose pas sur un constat objectivable que tous peuvent partager comme l’observation de la matière inerte ou organique. Nous pressentons bien que l’essentiel n’est pas dans ce qui peut être mesuré. Par exemple, l’amour ou l’affection que nous avons pour une personne ne peut pas entrer dans nos équations subtiles. Si quelqu’un me dis « je t’aime », je ne saurais jamais la mesure exacte de cet amour comme le décrit la très belle chanson d’Yves Duteil : « Jusqu’où je t’aime ». Le témoignage que nous donnons, comme celui de Marie-Madeleine, des saintes femmes et des apôtres, c’est le témoignage d’une rencontre qui va bouleverser nos vies. Cette rencontre avec notre Seigneur Jésus-Christ, c’est celle que vous avez faites, vous les néophytes et qui vous a conduits jusqu’au baptême. Vous pouvez en témoigner. Vous ne pouvez pas le démontrer.

D’ailleurs nous voyons que dans cet évangile, Thomas est passé du constat crédible à l’acte de foi. Qui voit-il ? Qui touche-t-il ? Jésus, qu’il reconnaît. Il voit qu’il est ressuscité et qu’il a toujours les blessures dans son corps. Mais il va faire un acte de foi. Il lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20,28). Il ne voit pas Dieu, il voit Jésus cet homme qui est là devant lui ressuscité. L’acte de foi chez Thomas consiste à croire que Jésus est Dieu. Il n’est donc plus dans l’ordre de la croyance vraisemblable mais de la foi qui le dépasse. Il est entré dans la foi et non plus seulement dans la crédibilité.

La foi n’est pas un exercice intellectuel, c’est un don de Dieu.

C’est ce que Jésus dit à saint Pierre lorsque ce dernier affirme que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu. Jésus lui dit cela ne vient pas de la chair et du sang, c’est-à-dire de nous-mêmes, mais que cela vient de son Père.

Cela veut dire que la croyance vient de nous, de nos capacités naturelles de connaissance et que la foi vient de Dieu.

Notre réponse à ce don de la foi consiste à accueillir le témoignage de la rencontre suprême avec Jésus. Il nous montre le Père dans une confiance totale, cette confiance par laquelle on s’abandonne à l’Esprit Saint qui vient nourrir notre intelligence et ouvrir notre cœur aux dimensions divines.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

Homélies

Homélies