Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe du 4e dimanche de Pâques à St Pierre de Montrouge

– 4e dimanche de Pâques – Année B
Messe à Saint-Pierre de Montrouge pour l’ouverture de la semaine de pèlerinage à Paris de l’ABIIF (Association des Brancardiers et Infirmières d’Ile de France) dont le pèlerinage à Lourdes a été annulé.

- Ac 4, 8-12 ; Ps 117 (118), 1.8-9, 21-23, 26.28-29 ; 1 Jn 3, 1-2 ; Jn 10, 11-18

Un jour à la sortie d’une messe une dame m’a confié : « Comment trouver le goût de vivre quand on n’a jamais été aimée ? » Cette personne m’a raconté comment ses parents l’ont rejetée, qu’elle n’a jamais eu vraiment d’amour ou d’amis véritables. Douloureuse question qui m’a laissé un peu interdit. La seule réponse qui m’est venue et de lui dire que si elle existe, si elle est là devant moi, c’est que quelqu’un a voulu qu’elle vive. Si ce ne sont pas ses parents, c’est une volonté antécédente qui l’aime depuis toujours et qui l’attend amoureusement au bout du chemin.

Cela aurait pu rester une espérance lointaine si Jésus n’était pas venu partager notre existence. Il est le Bon Berger, ce Dieu qui vient s’occuper lui-même de chacun de nous et qui va jusqu’à donner sa vie pour ses brebis : « Je donne ma vie pour la recevoir de nouveau » (Jn 10,18).

Donner sa vie : c’est l’acte d’amour le plus important que l’on puisse faire et la plus grande preuve d’amour possible. Des mamans ont donné leur vie pour sauver leurs enfants. Des personnes risquent leur vie pour sauver les autres. Donner sa vie, ce n’est pas d’abord risquer de la perdre. C’est surtout risquer de la vivre. Par exemple quand deux époux se marient, ils donnent chacun l’un à l’autre la totalité de leur vie. Une personne consacrée se donne toute entière à Dieu. Donner, c’est accepter d’aimer. Aimer, c’est toujours risquer de vivre.

Recevoir sa vie : c’est accueillir avec gratitude ce que nous n’avons pas choisi mais qui nous est donné par surcroît, par grâce. On ne choisit pas sa vie, on la reçoit. Il est étonnant d’ailleurs que certains aujourd’hui veuillent choisir leur mort alors qu’ils n’ont pas pu choisir de vivre. Recevoir est cette disposition du cœur qui consiste à accueillir dans la joie ce qui nous est donné. C’est la meilleure attitude en face de Dieu, l’abandon dans la confiance. La prière d’action de grâce nous fait comprendre que recevoir, c’est accepter d’être aimé. Être aimé, c’est trouver le sens de sa vie.

Tel est notre véritable destinée à la suite du Christ : donner sa vie par amour pour la recevoir de l’Amour.

Nous disons que ce dimanche du Bon Pasteur est celui des vocations. Vocation veut dire : appel. C’est Dieu qui appelle. Nous sommes tous appelés à la sainteté. Paulo Coelho dans son célèbre livre l’Alchimiste parlait de légende personnelle pour signifier la destinée que chacun doit découvrir et accomplir. Le Christ est venu nous révéler que notre vocation fondamentale est la sainteté. Elle est le chemin que chacun de nous doit trouver et accomplir. Cette sainteté, c’est la perfection de l’amour.

Toute vie chrétienne commence par une rencontre véritable avec le Christ. Les nouveaux baptisés qui viennent de toutes les origines nous disent comment la rencontre du Seigneur Jésus a bouleversé leur vie. Cette rencontre quand elle est authentique nous permet de savoir à quel point nous sommes aimés. Cela dépasse tous nos espoirs humains toujours tournés vers cette soif d’aimer et d’être aimé.

Jésus nous a montré ce chemin. C’est un chemin de salut. En marchant à sa suite, nous n’avons plus à craindre la mort car nous sommes entrés dans l’éternité de Dieu. En Dieu, l’amour et la vie sont parfaitement unis. Si nous vivons l’amour comme Dieu, comme Jésus sur cette terre, alors nous entrons dès aujourd’hui dans la vie éternelle sur laquelle la mort ne peut rien. C’est ainsi que nous sommes sauvés et que nous comprenons, comme le dit saint Pierre dans la première lecture, qu’ « Il n’y a pas d’autre Nom que celui de Jésus qui puisse nous sauver » (Ac 4, 12).

+ Michel Aupetit, archevêque de Paris.