Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à St Joseph-Artisan - Fête de saint Joseph travailleur

Saint-Joseph-Artisan (10e) - Dimanche 2 mai 2021

– fête de saint Joseph, travailleur

- Gn 1,26 à 2,3 ; Ps 89 ; 1 Jn 3,18-24 ; Mt 13,54-58

Ah… les a priori ! Déjà Nathanaël avait dit « Que peut-il sortir de bon de Nazareth ? » (Jn 1, 46). Et voilà que maintenant les mêmes habitants de Nazareth s’étonnent de la sagesse et des miracles de Jésus. C’est le fils du charpentier !

Il aurait-il à l’époque le même mépris pour les travailleurs manuels que nous sentons si fortement dans notre société d’aujourd’hui ? Tant de gens savants, d’intellectuels experts viennent nous abreuver de leur logorrhée prétentieuse dans les chaînes d’informations en se contredisant sans cesse.

Le Verbe s’est fait chair, pire encore le Verbe s’est fait charpentier. Imaginez-vous une bonne famille parisienne dont les enfants fréquentent les meilleures écoles catholiques désirer que leur fils devienne charpentier ? Non, il est impensable qu’il ne fasse pas une grande école !

Et pourtant, Jésus est bien ce fils du charpentier, charpentier lui-même. Quoi de plus magnifique au fond ? Dieu, le Père, a confié son Fils à un homme remarquable. Pas un débateur d’idées absconses ou un spécialiste de la parole de Dieu, scribe ou pharisien. Non, il l’a confié à quelqu’un qui construit des toits sur des maisons pour abriter des familles.

Il y a une dizaine de jours, j’étais sur les toits de la cathédrale Notre-Dame avec le président de la République et madame le Maire de Paris. Nous avons rencontré les compagnons qui restaurent notre chère cathédrale. Des hommes enthousiastes, heureux de travailler anonymement à un projet magnifique qui les dépasse. Ils ont témoigné de l’extraordinaire ambiance qui régnait sur le chantier. Ainsi qu’il en était au Moyen-Âge, aucun d’entre eux ne va laisser son nom sur une pierre ou une charpente pour passer à la postérité comme le font souvent les artistes plus soucieux de leur gloire personnelle que de l’accueil ébloui d’une transcendance.

J’imaginais saint Joseph au milieu de ces hommes. Il devait leur ressembler, cet homme bon, qui ne se paye pas de mots, à qui on peut faire confiance. Un homme dont le silence est remarquable mais dont les gestes sont plus remarquables encore. Il accueille la parole de l’ange avec confiance et recueille Marie et l’enfant divin. Il les protège en les emmenant en Égypte, puis il s’efface après que l’enfant soit devenu un homme qui va accomplir sa mission.

Homme de silence pour accueillir celui qui sera la Parole de Dieu. Homme de silence pour se rappeler que la Parole de Dieu, son Verbe, va devenir un petit enfant. Enfant vient du latin infans qui veut dire « sans parole ». C’est d’abord dans le silence que la Parole de Dieu va se donner à entendre. Et c’est en ouvrant ses bras que Joseph va accueillir la Parole de Dieu faite chair. Car cette Parole est d’abord un amour que l’on doit accueillir par amour.

Ce n’est pas un cerveau compliqué qui peut comprendre la Parole de Dieu. C’est un cœur ouvert et généreux qui seul peut se laisser transformer par Celui qui se donne par amour. Joseph a été choisi par Dieu entre tous les hommes, béni entre tous les hommes.

Confions-lui nos familles comme le Père lui a confié son Fils. Jamais nous ne serons déçus.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris

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