Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à St Etienne du Mont pour le Festival de la Vie (25 ans d’Evangelium Vitae)

Saint-Etienne du Mont (5e) - Samedi 5 juin 2021

 Revoir la matinée en vidéo.

 9e Semaine du Temps Ordinaire — Année B

- Tb 12,1.5-15.20 ; Mc 12,38-44

Cet évangile de la pauvre veuve qui met ses deux piécettes dans le Trésor du Temple me fait penser à ce qui s’est passé après l’incendie de Notre-Dame de Paris. Il y a eu les très gros donateurs de 100 millions d’euros, 200 millions qui, incontestablement, permettront de restaurer la cathédrale. Mais je me souviens surtout de ce petit garçon de quatre ans qui est venu me voir en me disant : « Monseigneur, tu as bien reçu mon euro ? ». Ou cet autre qui m’a dit : « C’est l’anniversaire de mes huit ans. J’ai demandé à mes amis de ne pas me faire de cadeau mais de donner à Notre-Dame. » C’est ceux-là, les pauvres du Seigneur qui donnent tout ce qu’ils ont.

Cette pauvre femme n’a plus rien que sa foi, sa confiance en Dieu. Elle remet sa vie entre les mains du Seigneur. Cela rappelle l’épisode de la veuve de Sarepta quand le prophète Elie lui demande du pain. Il ne lui reste qu’un peu d’huile et une poignée de farine pour elle et son enfant. Mais elle dit : « Nous mangerons et ensuite nous mourrons. » Cet abandon lui a valu de ne pas voir s’épuiser la jarre d’huile ni le sac de farine.

Remettre sa vie entre les mains de Dieu, c’est rendre sa vie avec confiance à Celui qui nous l’a donnée. Car toute vie tire son origine du Seigneur.

A notre époque on veut avoir la totale maîtrise de sa vie qui conduit nécessairement jusqu’à la maîtrise de sa mort. On le voit avec les promoteurs de l’euthanasie. Ceux-là croient qu’ils ne doivent leur vie qu’à eux-mêmes. Ils trouvent que subir sa vie est insupportable. Pour eux il s’agit de maîtriser sa vie plutôt que de la subir passivement.

Est-ce le seul choix : maîtriser ou subir ?

Il me semble qu’il y en a un autre : maîtriser ou rendre grâce.

Rendre grâce, c’est confier sa vie à celui qui nous l’a donnée. Rendre grâce, c’est croire que Celui qui nous l’a donnée nous veut du bien et que la vie est un bien en soi.

Il faut même aller plus loin pour croire que la vie est un bien quand elle conduit à aimer. N’est-ce pas le commandement de Jésus : « Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13).

Il ne s’agit pas d’abdiquer ni de subir. Il s’agit d’aimer : « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne. » (Jn 10, 18).

Dans son exhortation apostolique, saint Jean Paul II disait que nous sommes devant le choix d’être ministres ou arbitres du dessein de Dieu. La maîtrise, c’est se faire arbitre. Le ministre entre dans le projet de Dieu pour donner sa vie en aimant car : « Dieu seul est maître de la vie de son commencement à son terme » (Evangelium Vitae n°53).

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

Homélies

Homélies