Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe d’ouverture du pèlerinage national de Lourdes
Sanctuaire de Lourdes - 12 août 2021
- Rm 8, 14-27 ; Mt 6, 5-15
En écrivant aux Romains saint Paul nous rappelle qui nous sommes vraiment : nous sommes fils et filles de Dieu. Pourtant, selon la nature, nous ne sommes que des créatures comme les fleurs, les arbres, les différentes espèces d’animaux. Certes, nous avons une intelligence qui nous a permis de dominer la création. Mais pour quoi faire ? Pour la réduire en esclavage ce qui immanquablement nous amènera à la détruire et à nous détruire avec ? Non, la vocation de toute l’humanité c’est d’être fils et filles de Dieu.
C’est le baptême qui nous a permis d’arriver à une telle dignité. Et si la création nous a été remise c’est pour que nous nous mettions à son service afin de participer et d’achever l’œuvre de Dieu. Comme le dit saint Paul la création attend d’être libérée de l’esclavage et de la dégradation. Si nous rejetons Dieu, nous aurons la tentation de prendre sa place et de dégrader son œuvre en l’asservissant. Si nous accueillons l’Esprit de Dieu pour accomplir la pleine réalisation de son œuvre, nous agirons comme fils et filles de Dieu qui coopèrent à son acte créateur. Notre monde a été créé par amour. Il a été sauvé par amour. Notre responsabilité de fils et filles de Dieu c’est de mettre en place une civilisation de l’amour qui trouve sa source en Dieu : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». C’est l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ qui devient notre feuille de route.
La dignité de fils et de filles de Dieu échappe aux considérations habituelles de la société des hommes. Ce n’est pas sur le regard des autres ou sur les considérations mondaines que se fonde cette dignité. Aussi, dans nos rapports avec Dieu et avec les autres nous devons cultiver cette vertu divine : l’humilité. C’est aussi pourquoi Jésus nous demande de prier sans se faire remarquer. Loin des faux-semblants et de l’attention du monde, c’est dans le cœur à cœur avec le Père dans la prière personnelle et secrète que se construit l’intimité qui nous fait entrer dans l’amitié divine que nous propose notre Seigneur Jésus-Christ : « Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis ». Soyons comme Marie, notre mère bien-aimée que nous venons visiter en ce lieu béni et qui méditait en secret toute chose dans son cœur.
Nous avons la grâce d’être une religion de l’amitié fondée sur l’amitié du Fils de Dieu. Devenus par le bain du baptême fils et filles de Dieu en Jésus-Christ, nous sommes donc frères et sœurs en vérité pour devenir amis de tous même de ceux qui ne nous aiment pas. Alors nous pourrons dire en vérité cette prière que le Seigneur nous a apprise : « Notre Père qui est aux cieux ».
Mgr Michel Aupetit,
archevêque de Paris