Homélie de Mgr Michel Aupetit - journée des malades
Sanctuaire de Lourdes - 14 août 2021
- Ac 3, 1-11 ; Lc 10, 25-37
Qui est ce samaritain ? Cet étranger qui passe et s’arrête quand d’autres détournent les yeux ou continuent leur chemin ? Ce samaritain qui vient sur nos routes, c’est Jésus, notre Seigneur. C’est lui qui est venu jusqu’à nous, a pris chair de notre chair pour devenir notre frère. C’est lui qui est pris aux entrailles, comme dit la bible à propos de la compassion de Dieu et de sa miséricorde. C’est lui qui soigne ce blessé et le confie à un aubergiste.
Qui est cet aubergiste ? C’est vous, c’est moi. Jésus nous confie nos frères souffrants, malades et il nous dit : « Prends soin de lui ».
Vous vous rappelez sans doute Caïn, le meurtrier de son frère Abel. Dieu lui demande : « Où est ton frère, Abel » ? Caïn répond : « Suis-je le gardien de mon frère » ? Sommes-nous les gardiens de nos frères ? La réponse à cette question est donnée par Jésus lui-même : « Ce que tu fais au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que tu le fais » (Mt 25, 40). Il n’est pas question de se dérober.
J’ai vécu jadis une expérience qui m’a fait comprendre ce que signifiait cette parole du Seigneur. Alors que je soignais chaque jour un malade âgé et acariâtre pour sauver sa jambe, devant les râles et la mauvaise humeur de ce patient, j’ai ressenti un agacement certain. C’est alors que j’ai entendu une voix intérieure clairement me dire : « Et si c’était moi que tu soignais » ? Je me suis mis alors à soigner cet homme comme s’il était le Christ. De compétents, mes gestes sont devenus aimants. Le cœur de cet homme lui-même s’en est trouvé transformé alors même que nous n’avons pas échangé un mot.
Cela donne une lumière particulière aux paroles du Pape François dans son encyclique Fratelli tutti. Nous ne sommes pas des « partenaires » qui créons des cercles fermés, mais nous devons devenir des « prochains » disponibles pour s’ouvrir à la surprise de l’homme blessé. Il ne s’agit plus de savoir qui est notre prochain, mais comment devenir le prochain de l’autre : celui qui se fait proche.
C’est parce que je n’oublie pas que le Seigneur nous a envoyé pour guérir les malades, chasser les démons en même temps qu’annoncer le Royaume, que j’ai lancé ces grandes prières de guérison et de délivrance à la cathédrale Nanterre puis à Saint-Sulpice à Paris. Des milliers de personnes sont venues pour recevoir du Seigneur par son Église, les bienfaits qu’il veut prodiguer à tous ceux qui viennent chercher du soutien, du réconfort, une libération ou une guérison. Ici, à Lourdes, les blessés de la vie, les malades seront toujours les premiers servis. Je suis heureux qu’ils aient la première place dans un monde à l’endroit.
+Michel Aupetit,
archevêque de Paris.