Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à la chapelle Saint-Louis de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière pour la Journée Laudato Si’

Chapelle Saint-Louis de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (13e) - Dimanche 19 septembre 2021

 25e dimanche Ordinaire – Année B

- Sg 2, 12.17-20 ; Ps 53 (54), 3-4, 5, 6.8 ; Jc 3, 16 – 4, 3 ; Mc 9, 30-37

Je n’ai plus de cathédrale. Je n’ai donc plus de cathèdre. L’évêque est assis sur sa cathèdre. Siège-t-il sur un trône ? Quand on siège sur un trône, on se prend pour le roi. Eh bien non, je ne suis pas installé sur le trône d’un roi, je suis installé à la place de Jésus, sur le trône de Jésus, sur le trône de Dieu. Vous allez penser que j’ai pris la grosse tête. Vous allez dire : s’il se prend pour Dieu, on est fichu ! Il va être comme l’homme et la femme qui ont été séduits par les sifflements perfides du serpent au paradis : « Vous serez comme des dieux ». Rassurez-vous c’est bien le trône de Jésus et de Jésus seulement. Je ne suis assis là que pour m’effacer devant la Parole de Dieu que je dois transmettre et devant la présence réelle du Seigneur à l’eucharistie.

Jésus descend de son trône divin pour donner sa vie sur la croix comme un esclave.
Jésus se lève de la table eucharistique pour se mettre à genoux et laver les pieds de ses disciples, comme un esclave.

Jésus, aujourd’hui, vient jusqu’à nous dans le pain eucharistique pour se laisser manger.

Si l’évêque s’assoit sur le trône de Jésus c’est pour devenir l’esclave du peuple qui lui est confié. Pas un chef, un petit chef, un roitelet, un coq prétentieux qui se grandit à ses propres yeux et aux yeux des autres : « c’est moi le plus grand », tentation éternelle des disciples du Christ comme on l’entend dans cet évangile.

Angel Hesnard, grand psychanalyste du 20e siècle, affirmait que l’instinct fondamental de l’homme est cette nécessité d’affirmer sa valeur. D’où le besoin de s’évaluer en permanence : Suis-je le plus beau ? Le plus intelligent ? Le plus habile ? Le plus riche ?

Soit on se compare, soit on contemple. Quand on se compare « suis-je le plus grand ? », on se dresse sur la pointe des pieds pour être plus haut que l’autre, mais c’est une élévation dérisoire. Contempler le Seigneur c’est admirer l’amour qui descend pour se donner. En se haussant on devient dominateur.

C’est le problème qui se pose à nous de manière cruciale aujourd’hui avec cette question de l’épuisement de la Terre asservie à nos excès. En suivant le Christ venu pour servir et non pour être servi, nous fécondons la création pour achever l’incroyable beauté de ce don de Dieu.

C’est ce signe que Jésus donne en appelant un enfant. Accueillir un enfant comme le demande le Seigneur, c’est se mettre à sa portée. Pas besoin de se hisser sur la pointe des pieds, non, il faut s’abaisser. S’abaisser pour qu’il grandisse. Ainsi, Jésus s’abaisse pour que nous nous élevions jusqu’à Dieu. Pour que nous devenions par le baptême, prêtre, le prophète et roi. Roi comme Dieu. Roi comme Jésus qui se fait esclave par amour. Un roi dont la monarchie, qui veut dire « un seul principe », est l’amour. Ce n’est pas par la recherche de la puissance que l’on acquiert la grandeur, c’est par l’amour qui seul peut nous élever jusqu’à Dieu.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris

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