Le discret cimetière de Picpus

Paris Notre-Dame du 28 août 2014

Victimes de la guillotine, ils ne sont pas moins de 1300 à reposer dans deux fosses communes à Picpus (12e), sans compter les centaines de leurs descendants enterrés dans le cimetière attenant. Dans une chapelle voisine, on prie pour eux et pour leurs bourreaux, tandis que des ex-voto témoignent de l’intercession d’une Vierge miraculeuse. • Par Ariane Rollier

© Ariane Rollier

« C’est un lieu non pas secret, mais discret », tient à préciser Jean-Jaques Faugeron, conservateur du cimetière historique de Picpus depuis vingt-cinq ans. Sous le numéro 35 de la rue de Picpus, une plaque témoigne sobrement de la tragique réalité qui marque l’endroit : « Ici, dans deux fosses communes ont été inhumés les corps de plus de 1300 personnes guillotinées sur la place du Trône du 13 juin au 28 juillet 1794 ». Une fois le portail en bois passé, on entre pourtant dans une jolie cour aux bâtiments allant du XVIIe au XXe siècle. À droite se trouve celui qui accueille depuis trois ans les jeunes en discernement de la Maison Saint-Augustin. Au centre se tient la chapelle où les sœurs et pères de Picpus prient et célèbrent les offices. Au fond à gauche, enfin, un deuxième portail donne accès aux jardins de Picpus, ancien maraîcher des chanoinesses de Saint-Augustin au XVIIe siècle. Insoupçonné, ce havre de verdure avec son allée d’arbres donne un goût de campagne au Parisien en quête de calme. Les oiseaux chantent et le lieu, quoique bordé d’immeubles modernes, est paisible.

Une charmante promenade

C’est au terme d’une charmante promenade qu’on accède au cimetière. Dans ce lieu qui appartient à la Fondation de l’oratoire du cimetière de Picpus, – successeur de l’association tontinière constituée après la Révolution par les familles ayant perdu des proches guillotinés –, reposent des religieux et des membres de célèbres familles. Mgr Charles de Forbin Janson (1785-1844), évêque de Nancy et Toul et fondateur de l’œuvre de la Sainte Enfance y est enterré, tout comme les supérieurs successifs de la congrégation des Picpusiens. Nombreuses sont les tombes de grandes familles aristocratiques telles que les Noailles ou les Nicolay. Parmi les célébrités, repose aussi le général de La Fayette, dont les Américains commémorent l’œuvre chaque 4 juillet. Toutes ces personnes ne reposeraient là si leurs aïeuls n’étaient pas enterrés dans deux grandes fosses voisines. Là sont inhumés les corps de religieux et religieuses, parmi lesquels les fameuses carmélites de Compiègne, mais aussi des nobles et des gens du peuple, d’épée et de robe, com me le détaille une plaque à l’entrée du petit jardin qui leur est réservé. Stèles et croix marquent leur présence pour l’éternité. Sous le régi me de la Terreur, la guillotine, installée aux abords de Paris, sur la place du Trône dit renversé – aujourd’hui place de l’Île de la Réunion (12e) –, les a exécutés lors de l’été 1794.

Notre-Dame de la Paix

L’époque de la Terreur passée, les descendants se sont organisés pour racheter les lieux : ils ont ainsi fondé le cimetière et confié, en 1806, les bâtiments et la chapelle à la Congrégation des Sacré-Cœurs de Jésus et de Marie avec pour mission de prier pour les guillotinés et leurs bourreaux. Une mission que les sœurs accomplissent toujours, sous le regard bienveillant de Notre-Dame de la Paix, qui veille jour et nuit dans la chapelle où les noms des victimes sont gravés. •

PRATIQUE

 Adresse : 35 rue de Picpus (12e).
 Ouverture : 14h-18h l’été, 14h-16h l’hiver, sauf dim. et jours fériés.
 Contact : 01 43 44 18 54.

Voir aussi
 Le cimetière de Picpus.
 Les bienheureuses carmélites de Compiègne.
 Depuis 2010, le cimetière de Picpus accueille aussi les dépouilles de 4 frères de Picpus massacrés rue Haxo le 26 mai 1871 lors de la Commune de Paris.

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