Le lien entre charité et miséricorde
Paris Notre-Dame du 24 décembre 2015
Interview de Charles Gazeau, délégué épiscopal pour la solidarité.

P. N.-D. – En quoi l’Année sainte de la miséricorde, lancée le 8 décembre par le pape François, est-elle reliée à la charité ?
Charles Gazeau – Jésus est pour tous les hommes le visage de la miséricorde du Père, comme nous le rappelle le pape François. Liés intimement au Christ par leur baptême, les chrétiens sont appelés à être la courroie de la transmission de cette miséricorde au cœur de la cité, auprès de leurs frères et dans le monde. Concrètement, cela signifie qu’ils doivent faire preuve d’attention, de compréhension, d’indulgence envers leurs semblables, de la même manière que Dieu est attentif aux hommes et indulgent envers eux. Il s’agit d’aimer les autres en toute circonstance, sans les juger et en les rencontrant en vérité, sans cacher ses propres faiblesses. Jésus incite à exercer cette charité en premier lieu vis-à-vis des plus petits : les personnes fragiles, malades, hospitalisées, migrantes ou encore celles touchées par la solitude.
P. N.-D. – Quelle place la fête de Noël invite-t-elle à faire aux personnes pauvres ?
C. G. – Le Père nous donne Jésus, son Fils, vulnérable et petit, pour dire son amour à tous les hommes. Lors de la fête de la nativité du Sauveur, à Noël, les personnes pauvres, les préférées du Seigneur, que la société oublie, doivent avoir une place privilégiée. Ainsi, nous pouvons leur exprimer et leur témoigner la tendresse du Père. Le Christ est venu sur terre pour leur rendre leur dignité, et leur donner une place dans notre société. Il le dit lui-même, en citant un passage du livre du prophète Isaïe, qu’il est envoyé d’abord pour « porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, […] annoncer aux captifs leur libération et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés » (Lc 4, 18).
P. N.-D. – Quels sont vos vœux pour l’année 2016 ?
C. G. – Actuellement, il existe de nombreuses et belles actions caritatives dans les paroisses parisiennes. Le service du frère progresse. À l’invitation de notre archevêque, Mgr André Vingt-Trois, je souhaiterais que les paroisses les développent : « Non seulement il nous faut assurer la pérennité de ces actions, mais encore, et surtout, il faut y associer le plus possible de nos paroissiens, les appeler avec persévérance et faire travailler notre imagination pour définir des services accessibles au plus grand nombre. Ce n’est pas seulement une question de générosité. Nous avons conscience que c’est l’enjeu de notre foi qui est en cause car les pauvres nous évangélisent.* » Mon vœu est que la charité du Christ inonde notre Église, à travers le service du frère, que ceux qui portent le nom de chrétiens soient contagieux de cet amour de Dieu pour les hommes afin d’édifier un monde juste et fraternel. C’est le rêve que tous les jours deviennent Noël, le don du Père pour tous les hommes. • Propos recueillis par Céline Marcon
