Les funérailles, une liturgie du passage

Paris Notre-Dame du 1er novembre 2012

Parmi les étapes du deuil, la célébration des funérailles à l’église est un moment privilégié qui prépare les cœurs à la séparation, tout en transmettant un large message d’espérance. Le P. Jean-Michel Albert, responsable diocésain de la Pastorale des funérailles et Christian de Cacqueray, directeur du Service catholique des funérailles, nous font découvrir la richesse de la cérémonie chrétienne.

Christian de Cacqueray et le P. Jean-Michel Albert.
© Agnès de Rivière

Paris Notre-Dame : Avec la perte de la pratique religieuse, la célébration chrétienne des funérailles est souvent remplacée par un moment de recueillement devant la dépouille. Que penser de cet usage ?

P. Jean-Michel Albert – Nous remarquons que, en général, les familles qui ne passent pas par l’église vivent difficilement l’étape de la mise en terre ou de la crémation. Beaucoup se demandent d’ailleurs quelle action rituelle peut être mise en place à ce moment-là, afin de donner du sens à ce qu’ils vivent. En fait, pour faire un bon deuil, nous avons besoin de rites symboliques forts. Et la célébration chrétienne des funérailles est exemplaire pour cela : elle permet à la famille de bien vivre un passage, celui de la mort à la vie.

Christian de Cacqueray – La liturgie des funérailles que propose l’Église est progressive. Elle accompagne pas à pas la famille dans la séparation et rend ainsi plus humain le drame de la mort. Le rite ne supprime pas la perte, il permet de la vivre pleinement. N’oublions pas non plus que la prière de l’Église est une aide précieuse pour l’âme du défunt, confronté au combat final. Célébrer une eucharistie, quand c’est possible, permet d’accompagner le mort dans son passage à la vie éternelle.

P. N.-D. : Quels sont les éléments clés de la liturgie des funérailles ?

P. J.-M. A. – L’originalité de la célébration chrétienne réside dans le fait qu’elle nous rappelle le baptême. Le chrétien, fils de Dieu depuis son baptême, a déjà été plongé dans la mort et est déjà ressuscité. Le rite de l’eau et de la lumière, l’entrée solennelle du corps dans l’église et l’appel du défunt par son prénom en sont le signe. Encenser le corps montre aussi qu’il existe une part divine en lui et que cette dignité perdure dans le corps, même mort.

C. de C. – À l’église, la célébration est portée par le lieu et le temps, qui n’est pas minuté comme au crématorium. Le temps est une dimension offerte aux familles. Il est possible de marquer des silences, de déployer une liturgie sereine.

P.N.-D. : La célébration des funérailles ouvre-t-elle la voie au pardon ?

P. J.-M. A. – Au début de la célébration, comme pour toute eucharistie, le rite pénitentiel ouvre à la réconciliation. À travers ce rite, les familles sont invitées à comprendre que, même après la mort, tout peut être pardonné, qu’elles peuvent laisser partir le défunt dans la paix.

C. de C. – L’église a l’avantage d’être un espace public qui a pour fonction de rassembler. Un membre de la famille, même s’il est en froid avec les proches du défunt, se sentira plus à l’aise au sein de l’assemblée qu’au crématorium, par exemple, où l’espace est très privatif. Il arrive donc souvent que les funérailles réunissent des personnes qui ne se voyaient plus.Cette assemblée portée par une liturgie très dense, permet alors de recréer le tissu social.

P. J.-M. A. – Utiliser le cimetière, lieu également ouvert, évite à certains membres de la famille de s’approprier le corps du défunt, comme cela peut être le risque dans le cadre d’une dispersion de cendres dans un jardin privé. Cela laisse concrètement à tout le monde la possibilité de se « rapprocher » de lui, physiquement et spirituellement.

P. N.-D. : Quelles sont les attentes des familles aujourd’hui ?

P. J.-M. A. – Les familles souhaitent très souvent que la célébration soit un hommage rendu au défunt. Elles aiment évoquer le passé de la personne et veulent quelquefois personnaliser la cérémonie pour qu’elle reflète des souvenirs. Mais la liturgie va les aider à dépasser cela, afin de les faire aller du passé vers le futur et, finalement, les tourner vers une réalité plus profonde, la réalité de ce qui se vit pour la personne qui vient de mourir.

C. de C. – Au début de la préparation des obsèques, les proches peuvent ne pas comprendre que l’on pose des limites à cette demande de personnalisation. Mais je sais que, dans les paroisses, l’équipe de la Pastorale des funérailles veille particulièrement à accompagner cet aspect. L’éloge funèbre peut être dite au début de la cérémonie, avec, pourquoi pas, une reprise d’éléments de la vie du défunt dans la prière universelle. Le choix des chants et des musiques est aussi fait avec soin, pour que tout porte à l’espérance. Et, quand tout cela a été bien préparé avec la famille, ces dernières remercient la paroisse ! • Propos recueillis par Agnès de Rivière

Témoignage
Agnès, paroissienne de St-Lambert de Vaugirard (15e)

« Lors des funérailles d’un grand-oncle prêtre, j’ai été très touchée par la présence de ses confrères autour de lui et par le fait qu’ils aient déposé une étole sur le cercueil. Il m’est aussi arrivé de voir, pour les obsèques d’un jeune garçon, qu’un foulard scout avait été posé sur le cercueil. En fait, je suis toujours très marquée, dans ce type de célébration, par les gestes qui sont posés par la famille, comme l’arrivée en procession des petits-enfants avec des fleurs ou des bougies. Ce qui est beau à travers ces gestes, c’est de voir le côté unique et irremplaçable de la personne qui vient de nous quitter et surtout de découvrir les parcelles du Royaume qui ont pu briller dans sa vie ! La liturgie de la Parole me permet, quant à elle, d’aller de l’avant. Les textes et prières ont une telle densité que cela m’aide à m’accrocher au message d’espérance que nous donne l’Église. » • Propos recueillis par AdR

FORMATIONS

 « Pastorale des funérailles : l’accompagnement des familles en deuil »
Formation dispensée par le Collège des Bernardins pour les nouveaux membres des équipes « familles en deuil ». Sujets abordés : accueil et écoute,mort et résurrection, parole de Dieu et témoignage des croyants, rites et prières funéraires, crémation et nouvelles pratiques.

 Rencontre annuelle de la Pastorale des funérailles
Cette journée est destinée à rassembler tous les membres des équipes « familles en deuil » et des équipes d’accueil de paroisse, les aumôneries d’hôpitaux ainsi que ceux qui s’intéressent au thème de la journée : « Ciel, purgatoire, enfer : comment parlons-nous des fins dernières ? »

 Session « Accueillons les familles en deuil »
Cette nouvelle session de formation, organisée par le Service catholique des funérailles, s’adresse aux membres des équipes d’accueil ainsi qu’aux secrétaires des paroisses. Elle permet notamment de mieux comprendre le parcours funéraire à Paris, les contraintes de chaque acteur. L’objectif est d’aider les accueillants à mieux répondre aux demandes des pompes funèbres ou des familles en deuil.

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