Messe des défunts : « Souviens-toi de moi »
Paris Notre-Dame du 28 octobre 2021
À l’occasion de la messe du 2 novembre, le P. Patrice Sonnier, vicaire épiscopal pour la pastorale des Funérailles du diocèse de Paris, rappelle à quel point faire mémoire des absents est nécessaire et appelle les paroisses à développer l’accompagnement sur le long terme des personnes en deuil.
Paris Notre-Dame – Le 2 novembre, c’est la journée consacrée à la commémoration des fidèles défunts dans l’Église. En quoi ce jour est-il important ?
Patrice Sonnier – En instituant une messe de commémoration des fidèles défunts, l’Église nous rappelle la place qu’occupent les défunts dans le cadre familial et même sociétal, et tient compte de cette réalité douloureuse : pour les familles en deuil, l’absence de la personne aimée est constante. Cette messe peut être aussi vue comme une réponse à la supplication du bon larron, s’adressant à Jésus avant de mourir sur sa croix : « Souviens-toi de moi. » En faisant mémoire de nos défunts, nous répondons symboliquement à leur supplication : souvenez-vous de nous. C’est un appel à ne pas les oublier et à continuer de prier pour eux. C’est une mémoire qui se fait vivante, active et qui devient signe de notre Espérance en la vie éternelle.
P. N.-D. – Cette messe ne s’adresse-t-elle qu’aux familles en deuil ?
P. S. – Pas du tout. Elle est aussi une sensibilisation à tous les paroissiens de cette réalité cachée que sont la mort, le deuil, mais aussi de l’Espérance et la promesse de la vie éternelle. Car pour nous, chrétiens, la mort n’est pas une fin en soi : c’est un passage. Et ce passage, on le voit, on le pressent à travers l’épreuve du deuil des fidèles, qui nous rappelle que notre vie n’est pas éternelle ici-bas. Nos défunts nous précèdent sur ce chemin d’éternité. Cette messe doit être aussi source d’enseignement sur les fins dernières, pour nous préparer à cette échéance de fin de vie sans la craindre, sans l’occulter, sans l’ignorer, car elle est une étape vers la vie éternelle. C’est ce que répond Jésus au bon larron qui s’est ouvert à la miséricorde du Père : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis. »
P. N.-D. – Un jour dans l’année est-il suffisant pour véritablement accompagner les personnes en deuil ?
P. S. – Il y a une vraie réflexion à mener sur la pastorale du deuil et sur la messe du 2 novembre. Sur la messe des défunts, pour commencer, dans la majorité des églises, on va nommer le nom des défunts après l’homélie, il y aura le memento des défunts pendant la prière eucharistique. Mais après ? Est-ce qu’on laisse repartir les personnes en deuil avec leur chagrin, parfois dans l’anonymat le plus complet ? Les paroisses invitent les personnes en deuil. Des familles répondent à l’invitation, viennent pour entendre le nom de leurs proches, mais ne sont pas toujours très à l’aise avec la pratique religieuse. Si elles restent dans l’anonymat, que personne ne les accueille tout particulièrement, alors nous ne sommes pas à la hauteur de notre invitation. Comment accueillir et manifester après la messe un temps de fraternité ?
P. N.-D. – Et concernant la pastorale du deuil
P. S. – Les familles en deuil sont reçues dans chaque paroisse en vue de préparer la célébration. Mais ensuite, plus rien, si ce n’est la promesse que la communauté paroissiale priera pour leur défunt le dimanche suivant les funérailles. Cette pastorale appelle à un accompagnement dans la durée, afin de maintenir le lien, de soutenir les familles dans leur chagrin et surtout qu’elles se sentent véritablement invitées et accueillies par la communauté paroissiale. La pastorale du deuil est aussi une belle pastorale de la mission.
Propos recueillis par Charlotte Reynaud
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