Notre-Dame, pansée, « mais debout »

Paris Notre-Dame du 15 avril 2021

Deux ans après l’incendie du 15 avril et cinq mois après la dépose de l’échafaudage calciné, phase décisive de la sécurisation de N.-D. de Paris, le chantier suit son cours. Quelques échos de la restauration, depuis les voûtes de deux chapelles, jusqu’au diocèse qui prépare le futur aménagement liturgique.

Pose de mastic sur les lacunes de la voûte de la chapelle St-Ferdinand de Notre-Dame.
© Patrick Zachmann/Magnum Photos

Dans la chapelle St-Ferdinand du déambulatoire de N.-D. de Paris (4e), un bleu profond et des étoiles d’or illuminent la voûte. Entamée en septembre 2020, la restauration de cette chapelle ainsi que celle de N.-D. de Guadalupe, engagée par l’Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, a pris fin en février. Après la dépose finale de l’échafaudage calciné, fin novembre 2020 et celle du grand orgue, le 9 décembre, le « chantier-test », mené sur deux des vingt-quatre chapelles de Notre-Dame, avait pour but de défi nir le protocole global de leur nettoyage et de leur restauration. Il a pris fin à la veille de la pose de cintres sous les voûtes les plus fragilisées, dernière grande étape de sécurisation. Construites de 1225 à 1320, les chapelles avaient été restaurées par l’architecte Viollet-le-Duc (XIXe s.), enrichies de décors s’inspirant de motifs médiévaux qui ont finalement peu pâti de l’incendie du 15 avril 2019. Mais beaucoup d’entre eux, déjà empoussiérés, « sont désormais encrassés », indique l’établissement public. « L’occasion, pour nous, restaurateurs du patrimoine, de participer à un travail en profondeur, allant au-delà d’une réparation, explique Marie Parant, restauratrice spécialisée en peinture murale, intervenue dans les deux chapelles-test. Le plus, c’est que nous avons pu travailler en co-activité : murs, décors, vitraux et sculptures ont été restaurés en même temps, in situ. Ce qui donne un final très cohérent, respectant l’harmonie pensée par Viollet-le-Duc entre chaque élément, des motifs géométriques aux vitraux. Et nous avons pu constater la grande qualité des décors. Les feuilles d’or, de près de 22 carats, n’ont pas bougé ; les pigments sont stables, il n’y a pas d’altération liée à la mise en œuvre, mais seulement aux marques du temps inhérentes aux édifices anciens. »

Entre rénovation et avenir

Quelle émotion la traverse-t-elle, en travaillant au cœur de cette cathédrale convalescente ? En dehors des dégâts connus, il y a surtout « cette sensation de vide et des silences inhabituels, remarque Marie Parant. Lorsque nous restaurions la chapelle St-Germain en 2018, la cathédrale grouillait. Cette fois, plus de mobilier, de chuchotements de visiteurs, d’échos d’offices célébrés. Et cela crée un petit pincement au cœur, de ne pas retrouver le personnel habituel de Notre-Dame… » Ces fidèles, habitués ou visiteurs, la reconnaîtront-ils, « leur » cathédrale ? « Sans doute serons-nous surpris par le nouvel aspect des murs rebâtis ou rénovés grâce au travail impressionnant des nombreux spécialistes sur le site », remarque Mgr Éric Aumonier, représentant de Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, pour le suivi de la restauration de la cathédrale. En vue d’une réouverture au public, prévue en avril 2024, une équipe dédiée, menée par le P. Gilles Drouin, liturgiste, prépare justement le futur aménagement liturgique et pastoral des lieux. Avec une visée : « Annoncer l’Évangile, tout en étant portés par l’architecture exceptionnelle de ce lieu ouvert à tous, construit pour la célébration eucharistique », explique Mgr Aumonier. Il conclut : « Deux ans après l’incendie, ce qui domine, c’est le fait de voir Notre-Dame blessée, mais toujours debout. Un peu à l’image de la croix du chœur dressée au-dessus des décombres, le lendemain de l’incendie, et de la Pietà à son pied. Alors que nous affrontons la pandémie et que le monde souffre, c’est un rappel fort que l’amour de Dieu est plus fort que tout. »

Laurence Faure @LauFaur

Réouverture de Notre-Dame de Paris

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