Quels films pour Noël ?

Paris Notre-Dame du 22 décembre 2022

Chaque année, les téléfilms de Noël déferlent dès le mois de novembre, ne laissant guère de place au mystère sous leurs mièvreries acidulées. Le cinéma offre pourtant de vrais trésors, à voir et revoir en famille… de 7 à 77 ans !

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Les retrouvailles familiales sont toujours intenses mais parfois difficiles à occuper, surtout quand plusieurs générations sont réunies. Outre la messe (pour ceux qui ont la grâce d’être pratiquants) et la distribution de cadeaux (pour ceux qui ont la chance de pouvoir en faire), y a-t-il encore moyen de réunir petits et grands et de les faire se réjouir et discuter ensemble ? Un bon film en fournit l’occasion, facile à mettre en œuvre. Parmi les nombreux classiques « inépuisables » dont nous disposons, suggérons-en arbitrairement quelques-uns, qui nous disent chacun quelque chose de la grâce de Noël [1].

Émerveillement
Le film le plus connu est sans doute La Vie est belle (It’s a wonderful life, 1946) de Frank Capra. Il est venu comme un cadeau du ciel pour le public : un oubli légal a permis à toutes les télévisions de le diffuser gratuitement chaque année de 1974 à 1993 ! Cette histoire d’un ange gardien révélant à un désespéré, le soir de Noël, comment la vie la plus humble change la face du monde et comment l’amour échappe aux puissants, garde sa force de contagion irrésistible.
Mais il y a tant d’autres films. D’abord ceux qui font retrouver (ou découvrir) une âme d’enfant, en témoignant d’une espérance indestructible. Robin des Bois (1938) sous les traits d’Errol Flynn oppose le partage fraternel à l’avidité corruptrice, Scaramouche (1952) découvre au bout d’une quête héroïque le mystère de la fraternité universelle, Chantons sous la pluie (1952) virevolte joyeusement, transfigurant les humiliations en autant d’occasions de solidarité. Tous ont en commun de mêler suspense et humour, action et romantisme, maîtrise technique et émerveillement artistique. Bien que très anciens, l’expérience montre qu’ils fascinent toujours jeunes et vieux !

Consolation
Dans un registre apparemment plus grave, nombre d’œuvres construisent un message universel à partir d’un drame qui permet au spectateur d’accéder à une consolation inattendue. La Grande illusion (1937) de Jean Renoir, hymne bouleversant à la fraternité sans retour des combattants, ne se conclut pas par hasard une nuit de Noël, avant le saut dans l’inconnu de la vie nouvelle. Du premier au dernier plan, La Prisonnière du désert (1956) de John Ford narre une histoire de naissance et de renaissance, traversant le racisme, la haine et la violence. La résolution prise par les héros, un soir de Noël, dans Elle et lui (1957) de Leo McCarey, illustre un amour plus fort que la mort ou l’abandon. Miracle en Alabama (1962) d’Arthur Penn, raconte pour sa part comment une institutrice handicapée fait échapper à la violence une famille entière, en donnant à la benjamine aveugle et sourde la confiance nécessaire pour se laisser éduquer. Un Monde parfait (1993) de Clint Eastwood situe filiation et paternité dans une fécondité paradoxale, citant Noël au centre d’un trajet qui verra une vie se donner pour que l’autre puisse, littéralement, s’élever [2].

Entre rires et larmes
À mi-chemin entre ces deux catégories, mentionnons pour finir des films mêlant rires et larmes, ou encore satire et merveilleux. Trois titres suffiront : Le Kid (1921, plus d’un siècle !) de Charlie Chaplin, qui transmet un ravissement inaltéré devant le miracle de l’enfance ; Le Fils du désert (1948) de John Ford, western jubilatoire construit comme une sorte de midrash de l’épisode des rois mages ; enfin Azur et Asmar (2006) où Michel Ocelot nous transporte dans un rêve de couleurs entre contes de Perrault et Mille et Une Nuits, pour parler de l’amour maternel, du désir de fraternité et du courage de vivre. Bon Noël !

P. Denis Dupont-Fauville

[1Tous très faciles à trouver, sans oublier les quelques sites internet pleins d’analyses très stimulantes sur les grands classiques du cinéma !

[2Les Contrebandiers de Moonfleet (1955), de Fritz Lang, en mêlant chronique intime et aventures de pirates, traite également de l’apprentissage de la paternité.

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