« Ressusciter avec Notre-Dame »
Paris Notre-Dame du 14 avril 2022
Trois ans presque jour pour jour après l’incendie du 15 avril 2019, un Lundi saint, les fidèles parisiens entrent dans le Triduum pascal ce jeudi 14 avril, en contemplant Notre-Dame debout, sécurisée et entrée dans sa phase de restauration. Mgr Patrick Chauvet, recteur de N.-D. de Paris, nous livre sa vision de la cathédrale aujourd’hui et pour l’avenir.
Paris Notre-Dame – En cette Semaine sainte, trois ans après l’incendie, quel est votre sentiment ?
Mgr Patrick Chauvet – Il y a cette date de l’incendie, un Lundi saint, le 15 avril 2019, dont nous faisons mémoire. Mais il y a aussi ce qu’il s’est passé depuis : la pandémie mondiale de Covid-19 et la guerre en Ukraine. Ces événements nous éprouvent dans notre fragilité et le Seigneur peut nous parler à travers eux. Ce que je porte en moi malgré tout, après ces trois années, c’est cette espérance pascale de la renaissance. Car, je le constate concrètement sur le chantier, on y observe déjà des signes de cette renaissance. Pour le diocèse, les fidèles et tous les habitués, perdre sa cathédrale est une dépossession ; mais c’est aussi une grâce de participer au renouveau, pour préparer l’avenir. Celui de la reconstruction des pierres, mais aussi le futur accueil des pèlerins, la liturgie qui y sera célébrée... Malgré la catastrophe qu’il a produite, cet incendie nous amène à ressusciter, avec une cathédrale qui sera splendide et rajeunie, en terme architectural mais aussi en terme pastoral.
P. N.-D. – Sauvée lors de l’incendie, la couronne d’épines du Christ est spécifiquement vénérée à Paris durant le Carême. Quel rôle joue-t-elle actuellement ?
P. C. – L’incendie a mis en relief l’importance de cette relique de Notre-Dame, qui est sans doute une des plus grandes du monde chrétien occidental et que beaucoup ont redécouverte. La grâce de la couronne d’épines, c’est la contemplation concrète de la Passion du Seigneur. C’est aussi la synergie spirituelle entre chrétiens. Je suis toujours frappé par sa dimension œcuménique, notamment avec de nombreux orthodoxes. Elle peut aussi être un instrument de paix. Durant son ostension chaque vendredi de Carême à St-Germain-l’Auxerrois (1er), nous avons spécifiquement prié pour la Russie et l’Ukraine. Cette relique n’a pas de prix puisqu’elle nous met devant le mystère de la Rédemption : on voit, à travers elle, de quel amour nous avons été aimés. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique... Devant la couronne, nous découvrons cela, cet amour inouï de Dieu pour chacun de nous. Dans l’aménagement futur de Notre-Dame, une place spécifique lui sera faite dans la chapelle centrale du déambulatoire du chœur où un espace de prière sera aménagé.
P. N.-D. – Qu’est-ce que Notre-Dame nous dit en cette veille de Pâques ?
P. C. – Notre-Dame a accompagné son Fils au pied de la croix et c’est là que ce même fils nous a confié sa mère. Désormais, Marie nous accompagne sur ce chemin de sainteté. Concrètement, quand on entre actuellement dans Notre-Dame, c’est très impressionnant, on se retrouve dans une cathédrale d’échafaudage. On ne la reconnaît plus beaucoup et pourtant, on y trouve toujours une forme de beauté. C’est prophétique : cette cathédrale d’échafaudage annonce une cathédrale qui sera resplendissante de la gloire de Dieu, grâce, aussi, au travail de celles et ceux qui nettoient, reconstruisent, coordonnent ou mettent en valeur le chantier.
Propos recueillis par Laurence Faure @LauFaur
Au cœur de Notre-Dame. Journal d’une renaissance, Mgr Patrick Chauvet, Plon, 2022, 160 p., 18 €.
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