« Sans Église vivante, pas besoin d’églises »

Paris Notre-Dame du 26 octobre 2023

L’Église catholique célébrait ce 25 octobre la fête de la « dédicace des églises dont on ne connaît pas la date de consécration ». Mais quel est le sens de la dédicace de nos lieux de culte et pourquoi la commémorer ? Éléments de réponse avec le P. Louis de Frémont, vicaire à St-Ferdinand des Ternes (17e) et enseignant en liturgie à la Faculté Notre-Dame.

P. Louis de Frémont, vicaire à St-Ferdinand des Ternes (17e) et enseignant en liturgie à la Faculté Notre-Dame.
© D.R.

Paris Notre-Dame – Qu’est-ce qui fait la spécificité d’une église ?

P. Louis de Frémont – Église signifie assemblée en grec. La fonction première de l’église est donc d’accueillir l’assemblée des fidèles. Elle est non seulement un lieu mais aussi le signe de l’Église, vivante, rassemblée. Historiquement, les premières communautés chrétiennes se retrouvaient dans des maisons privées, dans des pièces qui n’avaient pas de fonction spécifique. Au fil des siècles, un lieu consacré exclusivement à la prière a été aménagé dans certains domiciles, avec une décoration particulière, un autel. Progressivement, en particulier à partir du IVe siècle, lorsque le culte chrétien est devenu public, les premières églises ont été construites, selon le modèle que l’on connaît aujourd’hui, inspiré de l’architecture civile romaine, avec une nef et une abside. Mais la consécration de nos églises est aussi un héritage de la culture juive, dans la logique de cette mise à part de certaines personnes, tribus, objets et lieux pour le service divin. L’Église catholique a conservé cette logique pour ses édifices religieux mais aussi dans l’utilisation d’objets dédiés au culte : le recours à une étole et pas à n’importe quelle écharpe, à un calice et pas à n’importe quel verre, etc.

P. N.-D. – Quel est le sens de la commémoration de la dédicace des églises ?

L. F. – C’est une fête que l’on connaît peu mais qui est pourtant très importante. Preuve en est que s’il n’y a pas de date connue, il faut quand même, chaque année, commémorer cette dédicace. Le sens est assez simple : il s’agit de nous rappeler que nous sommes Église. De nombreuses fêtes nous permettent, tout au long de l’année, de faire mémoire d’épisodes de la vie du Christ ou de saints mais peu nous invitent à célébrer l’Église pour elle-même. La fête de la dédicace est l’occasion de nous rappeler, à travers l’anniversaire de l’édifice, de l’importance, dans notre vie de foi, de l’Église locale et de la communauté à laquelle nous appartenons. Trop peu de fidèles – et même de prêtres – en ont conscience et pourtant la fête de la dédicace est placée, hiérarchiquement, avant les fêtes de la Vierge Marie et même certaines fêtes liées au Christ. Elle prime, par exemple, sur le baptême du Christ ou sa présentation au Temple. La commémoration est une fête éminente justement parce que l’on y célèbre toute l’Église, le cœur de notre foi chrétienne : le Corps du Christ présent aujourd’hui et à l’œuvre dans le monde. Il est important qu’au moins une fois par an une église ait l’occasion de faire mémoire de cet événement fondateur parce que le jour où une église est édifiée, c’est le signe d’une communauté locale qui prend racine.

P. N.-D. – Quels sont les principaux rites de la dédicace ?

L. F. – Que ce soit pour une église ou un autel, le seul élément indispensable est la célébration de la messe, présidée par un évêque. Une fois que l’eucharistie a été célébrée, le lieu en lui-même est entièrement consacré à Dieu. Jusqu’au VIe siècle, on se contentait d’ailleurs de cette seule étape. Progressivement, un certain nombre de rites, dont certains demeurent encore aujourd’hui, ont été ajoutés : le dépôt, sous l’autel, de reliques de saints, l’embrasement de l’autel, l’ablution d’eau et l’onction de saint chrême. Certains éléments, comme l’aspersion d’eau bénite ou l’encensement, sont d’ailleurs d’abord appliqués à l’assemblée avant de l’être au bâtiment pour manifester que l’église de pierre est le signe de l’Église de chair. Sans une Église vivante, on n’a pas besoin d’églises.

Propos recueillis par Mathilde Rambaud

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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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