Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Saint-Germain l’Auxerrois (à huis-clos)

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 10 mai 2020

– 5e dimanche de Pâques – Année A
Diffusée sur KTO TV
- Ac 6,1-7 ; Ps 32, 1-5.18-19 ; 1 P 2,4-9 ; Jn 14,1-12

« Je pars vous préparer une place » (Jn 14,2). Voilà enfin une bonne nouvelle, la seule valable qui devrait passer en boucle sur BFM, CNews ou LCI. Il y a une place pour nous dans le Ciel. Elle est prévue, elle est programmée. Vous tous qui vous demandez ce que vous faites sur la terre, qui cherchez le sens de votre vie et qui, découragés après le confinement, vous demandez peut-être avec Maxime le Forestier : « Ca sert à quoi tout ça » ? Réjouissez-vous !

Une place ? Oui, souvent on dit à chacun de trouver sa place au soleil. La place au soleil ? Sous-entendu une réussite sociale qui nous permet de vivre. Mais souvent cette place n’est éclairée que d’une étoile morte qui nous laisse dans l’ombre et qui ne nous réchauffe pas. Il s’agit souvent d’un reflet dans un miroir qui nous renvoie un visage maquillé par le fond de teint de nos illusions. Ce n’est pas une place, c’est un endroit étriqué pour survivre confiné dans un « quant-à-soi » désespérant.

Non, le Christ nous prépare une place, une vraie place, ma place, celle pour laquelle je suis fait de toute éternité. Car dans la maison du Père il y a une vraie place pour chacun. Cette place qui nous fait entrer dans le tabernacle de l’amour.

Si nous en croyons les sondages qui nous montrent des français en détresse y compris nombre de chrétiens, nous pouvons nous demander pourquoi cette « descendance choisie, ce sacerdoce royal, cette nation sainte, ce peuple destiné au salut » (1 P 2,9), tremble comme une feuille alors que nous sommes porteurs d’un tel message ?

Croyons-nous vraiment que Jésus est dans le Père est que le Père est en lui ? Où est donc l’Esprit Saint que nous avons reçu ? Qu’avons-nous fait de ses sept dons ?

Pourquoi cette terreur d’aujourd’hui ? Parce que beaucoup de nos contemporains n’envisagent la mort que comme un épouvantable néant. La vie pour eux est une impasse. Alors on se débat pour survivre en se méfiant les uns des autres au lieu de s’aimer les uns les autres.

Non, il y a un chemin qui conduit quelque part. Où donc ? Il conduit à Dieu. Jésus est ce chemin.

Il nous montre le Père. Comment ? Vous voyez tous ces objets qui sont devant moi ? Si je les connais, si vous les voyez, c’est grâce à la lumière qui les éclaire. Jésus est la lumière du monde car il nous fait découvrir la vérité du Père. Toute sa vie exprime l’amour de Dieu, nous éclaire sur la profondeur de son amour.

La voilà notre place, elle est magnifique : il s’agit d’entrer dans l’union intime du Père et du Fils dans l’amour qu’est le Saint Esprit, un amour tellement immense qu’il y a une place pour chacun.

Cette place, ma place, votre place, c’est cette vie de Dieu.

La vie ? La biologie ne nous dit rien sur la vie. Elle décrit seulement les êtres vivants, ce qui peut « croître par soi-même et porte en soit sa reproduction ». C’est intéressant mais un peu court.

Dans la Bible Dieu crée les êtres vivants mais pas la vie. Il ne crée pas la vie car il est lui-même la vie.

Dans la Genèse au cinquième jour la Parole de Dieu fait advenir les êtres vivants dans les eaux et dans les airs. Au sixième jour, les êtres vivants sur la terre. Puis, le même jour, l’homme, à son image. Plus loin dans le récit, c’est par son haleine que Dieu insuffle sa vie dans l’homme.

Il y a donc les vivants et la Vie. Les vivants sont ceux qui existent et la vie est un don de Dieu.

La Vie, c’est Dieu qui se donne. Voilà pourquoi Jésus peut dire : « Je suis la Vie ». Sa vie, nul ne la prend, c’est lui qui la donne dans un acte d’amour suprême. Entrons dans la vie en recevant ce don !

+Michel Aupetit, archevêque de Paris

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