La vie du cardinal Jean-Marie Lustiger
Né en 1926 à Paris de parents juifs d’origine polonaise, Jean-Marie Lustiger se convertit au catholicisme à l’âge de 14 ans. Ordonné prêtre le 17 avril 1954, il sera aumônier de la Sorbonne, curé de la paroisse Sainte-Jeanne de Chantal à Paris, évêque d’Orléans et archevêque de Paris.
Les racines et la formation
Les parents du futur cardinal Lustiger, venus l’un et l’autre de Pologne (son père de Bendzin est venu en France en 1918, sa mère y était arrivée avec son propre père depuis le début du siècle). À Paris, ils tiennent une boutique de bonneterie, rue Simart (18e).
Né le 17 septembre 1926, le jeune Aron Lustiger grandit donc, avec sa sœur, dans le quartier de la Butte Montmartre. Collégien, ses parents s’étant installés rue Jules-Chapelain à Montparnasse, il est élève au lycée Montaigne (6e). Il aimera toujours rappeler ce qu’il doit à ses maîtres de l’enseignement public. C’est alors qu’il est en 6e qu’il lit la Bible, une Bible protestante, avec Ancien et Nouveau Testament. En 1936 et en 1937, il fait l’été un séjour en Allemagne dont il apprend la langue, et il y assiste à la montée du nazisme.
Au moment de la guerre, M. Lustiger étant mobilisé, Mme Lustiger installe les deux enfants à Orléans et les confie à une dame. C’est là, à travers cette dame comme à travers ses camarades de collège, que le jeune adolescent découvre le christianisme.
Lire le récit de sa conversion et Qu’est-ce que la foi ?.
Il demande le baptême auquel il est préparé par l’évêque d’Orléans, Mgr Courcoux. En vue de son baptême, il choisit le nom de Aron Jean-Marie. Sa sœur aussi, suivant son propre chemin, demande à être baptisée. Mme Lustiger est capturée par les Allemands le 10 septembre 1942 et déportée à Auschwitz où elle est exterminée.
Jean-Marie Lustiger qui a exprimé la volonté d’être prêtre est mis à l’abri au petit séminaire de Paris, à Conflans. C’est là qu’il rencontre l’abbé Veuillot, professeur de philosophie qui devient son « directeur spirituel ». Jusqu’à la mort de celui-ci, cardinal-archevêque de Paris, en 1968, il garde avec lui une relation de confiance et d’amitié. Ayant passé son baccalauréat en juin 1943, il rejoint son père à Decazeville, puis au printemps 1944, doit entrer en clandestinité.
La guerre achevée, Jean-Marie Lustiger entre à l’Université. Il entame des études de lettres à la Sorbonne, y participe à la vie de l’aumônerie animée par le P. Maxime Charles (Centre Richelieu). En 1946, à quelques mois de sa majorité, malgré l’opposition de son père, il entre au Séminaire d’Issy-les-Moulineaux, puis des Carmes.
Ordonné prêtre le 17 avril 1954, il est nommé aumônier de la Paroisse universitaire, des étudiants de lettres et de sciences de la Sorbonne et des grandes écoles. En 1959, il succède au P. Charles. Il renouvelle l’organisation du Centre Richelieu pour l’adapter aux transformations de l’Université (cela donnera le Cep) ; il poursuit l’action de formation intellectuelle et spirituelle des jeunes chrétiens, la nourrissant de sa lecture des philosophes et des grands théologiens du moment, surtout les jésuites Henri de Lubac et Hans Urs von Balthasar, les grands pèlerinages (en Terre Sainte, à Rome,...) pendant lesquels les célébrations liturgiques acclimatent les intuitions du « mouvement liturgique », préparant les étudiants à recevoir bientôt la constitution du concile sur la liturgie. Après la crise de 1968, il passe une année d’études aux États-Unis.
À son retour, il est nommé curé de Sainte-Jeanne-de-Chantal. Dans cette paroisse du Sud du 16e arrondissement, porte de Saint-Cloud, il met en œuvre peu à peu une pastorale renouvelée, centrée sur la lecture de la Parole de Dieu comme parole vivante déployant ses fruits dans la vie chrétienne, très particulièrement dans la célébration liturgique. C’est alors que le P. Lustiger fait la connaissance de l’Institut d’Études Théologiques de Bruxelles, institut de formation théologique des jésuites francophones de Belgique, et du P. Albert Chapelle qui en est l’initiateur. Avec les prêtres de son équipe (Thomas Kowalski, André Vingt-Trois, Bernard Violle…), il trouve dans la dialectique des quatre sens de l’Écriture l’armature intellectuelle de leurs intuitions pastorales.
Le 10 novembre 1979, le pape Jean-Paul II le nomme évêque d’Orléans. Une de ses premières décisions est la création d’un séminaire diocésain. Quinze mois plus tard, le 31 janvier 1981, le Pape Jean-Paul II le nomme archevêque de Paris. Il occupe cette charge pendant 25 ans. Il est créé cardinal le 2 février 1983, en même temps que le P. Henri de Lubac. Il est élu à l’Académie française le 15 juin 1995, succédant au cardinal Decourtray.
La force d’une personnalité
Dès le début de son ministère à Paris, le cardinal Lustiger a attiré l’attention des observateurs par la lucidité de son analyse des enjeux spirituels de notre civilisation et par sa capacité à l’exprimer en un langage saisissant et précis. Passionné de philosophie et de sociologie, il savait repérer les évolutions des mentalités et des modes de vie dans leur complexité et mettre en lumière l’engagement de la liberté humaine qui y était à l’œuvre. Instruit par l’histoire de l’Europe et par la sienne propre, il repérait de manière vive la fascination que le mal exerce sur le cœur de l’homme, corrompant ses meilleures forces, mais aussi les champs nouveaux toujours offerts à la dignité de chacun et à l’espérance. Tous ses discours, interviews, déclarations, de nombreuses homélies, portent la marque de ce discernement spirituel toujours en éveil. Le choix de Dieu, grand entretien mené par Dominique Wolton et Jean-Louis Missika, est l’occasion pour lui de déployer sa réflexion de manière ample en suivant la trame de sa vie et de ses actions. Son acribie dans l’analyse et son sens de l’action de Dieu dans notre monde expliquent encore le rayonnement international du cardinal Lustiger, souvent invité dans des pays étrangers, aussi bien par les Églises locales que par des universités ou des cercles de réflexion. En France, on ne compte plus les interviews qu’il a données et l’on sait ses nombreuses interventions dans les enceintes les plus variées. Ce souci de comprendre les enjeux de notre temps s’est traduit notamment par la création avec le Bâtonnier de Paris des cycles « Droit, liberté et foi » associant depuis 1992 le Barreau de Paris et le Diocèse de Paris.
L’action du pasteur
Dans la conduite pastorale du diocèse de Paris, le cardinal Lustiger a été sensible aux transformations des conditions de la vie urbaine dans une grande capitale : achèvement de l’exode rural, migrations, flux de populations, facilité des communications, solitude, dureté du rythme de vie,… La mobilité de la population lui a paru particulièrement déterminante : mobilité géographique, mobilité professionnelle, mais aussi fluidité des appartenances qui oblige à repenser la vie des paroisses qui ne peut plus se caler sur l’idée du village, et importance du rôle des médias. De là est venu un double effort.
- Effort de formation du peuple de Dieu, des fidèles d’abord : fondation de l’École des responsables (septembre 1982), puis de l’École cathédrale (septembre 1984), vaste ensemble de formations ouvertes à tous ceux qui veulent, selon différents cycles ; des prêtres ensuite : fondation de la Maison Saint-Augustin en septembre 1984, année de formation spirituelle au seuil des 6 années de séminaire, fondation du Séminaire de Paris (premier cycle en 1985, second cycle en 1991), enfin fondation du Studium du Séminaire, devenu Faculté Notre-Dame, faculté de théologie de l’École cathédrale. Sa volonté est de permettre au presbyterium de Paris de se sentir responsable de son propre renouvellement, responsabilité qu’il doit à l’ensemble de l’Église en raison de son nombre et de sa vitalité. Elle est aussi d’apprendre aux futurs prêtres à recevoir la Parole de Dieu dans l’Écriture sainte transmise par l’Église et à enraciner la réponse à l’appel de Dieu dans une remise de leur liberté au Christ, ce à quoi les aident les Exercices spirituels de saint Ignace.
- Effort d’évaluation et de renouvellement des méthodes pastorales dans lequel le Cardinal Lustiger a voulu entraîner les prêtres et les fidèles du diocèse : création en septembre 1990 de la Fraternité Missionnaire des Prêtres pour la Ville (l’idée est de préparer des prêtres qui pourront être mis en équipe à la disposition des évêques de la région parisienne pour servir des paroisses selon certaines modalités de vie communautaire) ; Marche de l’Évangile (en 1990 toujours), appel à l’initiative dans les paroisses ; première session synodale (octobre 1993-octobre 1994) : « Dieu nous ouvre la porte de la foi » ; préparation des JMJ de 1997. Après les JMJ de 1997 organisées à Paris, l’élan a été repris en l’élargissant au-delà des jeunes à l’ensemble des composantes des communautés chrétiennes en vue du Jubilé de l’an 2000 qui fut l’occasion à Paris d’une seconde session synodale (Charité 2000 : 1998-2000, groupes de travail, et assemblée diocésaine du 25 mai 2002) qui a abouti à la Toussaint 2004 (Évangéliser Paris, juin 2003). En mettant les communautés chrétiennes en état de mission, c’est la manière même dont les catholiques se comprennent dans la société et la culture qu’il s’agit de stimuler de façon à vivre concrètement ce que le Concile Vatican II a donné comme orientation. La création de nouvelles paroisses et la construction de nouvelles églises ont eu pour but de rendre possible une vie plus communautaire que certaines grosses paroisses parisiennes et de rendre l’église proche de nouveaux ensembles d’habitation. On peut citer : Sainte-Colette des Buttes-Chaumont (1992), Notre-Dame des Foyers (1995), Notre-Dame d’Espérance (1997), L’Agneau de Dieu (1997), Notre-Dame de l’Arche d’Alliance (1998), Saint-Luc (1998), Notre-Dame de la Sagesse (2000), Saint-François de Molitor (avril 2005).
Mais sa perception des conditions particulières de la ville contemporaine s’est traduite aussi, de manière parfois plus cachée, dans le service des pauvres ou de ceux qui souffrent : réorganisation des structures diocésaines de solidarité avec notamment la création de la Fondation Notre-Dame (1992), soutien sans faille accordé à l’association Aux captifs la libération et à son fondateur, le P. Patrick Giros, fondation et accompagnement de Tibériade pour l’accueil des malades du SIDA et de plusieurs associations caritatives dont, grâce à Pierre Lanne, Août Secours Alimentaire, création de la Maison Jeanne Garnier pour les soins palliatifs, création et soutien de l’Association Sainte-Geneviève pour le logement… Le cardinal Lustiger a senti vivement la rupture de transmission qui s’est opérée entre les générations dans l’ordre de la foi sans doute mais plus généralement dans l’éducation et la vie sociale. D’où des initiatives comme la création de la FACEL pour stimuler les actions d’éducation et lancement en septembre 2002 de la journée de la jeunesse.
Parole aux jeunes : donner sa vie.
Ce dynamisme pastoral est évidemment étroitement lié à l’impulsion donnée par le Pape Jean-Paul II et à la vitalité d’un certain nombre de réalités nouvelles apparues dans l’Église comme le Renouveau charismatique que le cardinal Lustiger a fortement aidé à voir reconnu et inséré dans la structure de l’Église en France, des instituts séculiers et communautés nouvelles… La perception de la transformation de la vie urbaine et du défi mais aussi de la chance qu’elle représente pour l’Évangile a conduit le cardinal Lustiger à s’associer avec les Archevêques de Vienne, Lisbonne, Bruxelles et Budapest pour lancer les Congrès pour la nouvelle évangélisation, dans lesquels s’est inscrit l’événement de la Toussaint 2004.
Dans cette conduite pastorale, le cardinal Lustiger a compris la place que pouvaient tenir les médias. L’effort de communication est marqué par le lancement de Radio Notre Dame (août 1981) dès les prémices de la libéralisation des ondes, la création de Paris Notre-Dame pour renouveler le bulletin diocésain (novembre 1983), le lancement du site internet du diocèse (décembre 1998) et la création (en décembre 1999) de KTO, une télévision catholique, pour permettre au plus grand nombre un accès direct aux richesses de la foi. Ses entretiens hebdomadaires à Radio Notre-Dame ont développé une catéchèse fondamentale qui a souvent été reprise dans des livres appréciés : Premiers pas dans la prière, La messe, Le sacrement de l’onction des malades, Le baptême de votre enfant...
Le sommet de son action épiscopale, le cardinal Lustiger le vivait dans la célébration eucharistique et, de façon plus générale, dans toute célébration liturgique. Son sens aigu de l’actualité de la présence et de l’action du Christ rassemblant son Église et la nourrissant au long de son chemin a marqué plus d’un fidèle, que ce soit lors des visites de l’archevêque dans les paroisses ou lors de la célébration du dimanche soir. Cet investissement dans le service liturgique s’est traduit par le soin apporté à l’aménagement de la cathédrale Notre-Dame, par la réorganisation de la Maîtrise et par la mise au point des grandes célébrations diocésaines : Messe chrismale, ordinations,... La veillée baptismale des JMJ de 1997 a permis à des millions de gens à travers le monde d’éprouver la force de la liturgie catholique mise en œuvre avec le sens des gestes et des signes. Plusieurs recueils d’homélies attestent la force de sa prédication, presque toujours improvisée mais soigneusement préparée, dans le cadre de la liturgie, dès son ministère de curé de Saint-Jeanne-de-Chantal (Sermons d’un curé de Paris, Pain de vie et peuple de Dieu, Osez croire, Osez vivre, Petites paroles de nuit de Noël,...).
Le lien avec Jean-Paul II
C’est sous le titre « La décision la plus importante » que George Weigel, auteur d’une biographie de référence de Jean-Paul II, raconte comment le Pape a choisi Jean-Marie Lustiger pour être archevêque de Paris. Nourri du meilleur de la tradition catholique française, Jean-Paul II a toujours été persuadé que ce qui se passait en France touchait l’Église entière. Jean-Marie Lustiger fut pour lui un proche conseiller, en tant que cardinal bien sûr, participant à ce titre à plusieurs congrégations romaines (congrégation des évêques, congrégation pour les Églises orientales, etc.), mais de façon plus décisive encore en raison d’une affinité intellectuelle et spirituelle forte. Le cardinal Lustiger, de son côté, éprouvait fortement la paternité du successeur de Pierre, en raison de sa charge et aussi en raison des charismes particuliers de Jean-Paul II : forte architecture philosophique, foi trempée dans l’épreuve en la conduite de la Providence, docilité à l’Esprit-Saint. S’il est délicat et souvent impossible de déterminer l’influence propre du cardinal Lustiger dans l’action de Jean-Paul II, il est indéniable que le Pape était attentif à l’action de l’archevêque de Paris et à ses intuitions.
La marque d’une pensée
À travers et au-delà de son action dans l’Église, la pensée du cardinal Lustiger a été une des composantes du paysage intellectuel de la fin du XXe siècle et du début du XXIe. Trois axes principaux peuvent être mentionnés : l’Europe et la culture, Israël, la dignité de l’homme.
- La réflexion du cardinal Lustiger n’est pas enfermée dans des problématiques franco-françaises. Toujours il voit l’Europe dans son unité, non pas forcément politique et sociale, mais culturelle et spirituelle. Elle représente pour lui, dans ses déchirements historiques aux conséquences mondiales et dans ses efforts d’unification un paradigme d’unité différent de celui des États-Unis, sorte de transposition d’une unité catholique, qui peut être offert comme un encouragement à tous les peuples et tous les continents en recherche de paix et de coopération. (cf. Pour l’Europe ; un nouvel art de vivre). L’Europe, à ses yeux, ne se conçoit pas autrement qu’unie à tous les peuples du monde, ce qui appelle de sa part un dépassement de ce qu’a représenté l’aventure coloniale. La culture européenne dans laquelle s’est enracinée la foi chrétienne autant que la tentation du reniement de cette foi exprime la destinée de l’humanité entière (La dimension spirituelle de l’Europe, Nous avons rendez-vous avec l’Europe).
- Son histoire personnelle appelait le cardinal Lustiger à être attentif à la signification et au sort d’Israël, comme peuple dispersé parmi les nations et comme État. Considéré par certains juifs comme un apostat, il est reconnu par beaucoup comme un homme de foi, porteur d’une part de la destinée du peuple juif. Avec le cardinal Decourtray, il a travaillé à la résolution de la crise ouverte par l’installation d’un carmel dans le camp d’Auschwitz (autour de 1993). Il s’est efforcé aussi de tirer les développements théologiques contenus dans Nostra Aetate. Pour lui, le peuple d’Israël est porteur d’une élection irrémissible de la part de Dieu, ce qui fait la particularité de l’antisémitisme par rapport à tout racisme ou toute xénophobie. L’Église catholique doit apprendre à aimer son enracinement dans le judaïsme, comme tous les hommes ont à entendre les commandements dont Israël est le porteur (Osez croire : Nos racines juives, Le choix de Dieu, La Promesse, “Nos frères aînés”).
- La voix du cardinal Lustiger s’est fait entendre avec force pour défendre la dignité de l’homme et pour appeler les hommes à vivre selon cette dignité. Deux sujets ont particulièrement mobilisé son énergie : le risque de la fascination qu’exercent la science et la technique au risque de ne plus respecter l’humanité en l’homme (interview sur la bioéthique) et la dimension morale de la politique (Six sermons aux élus de la nation). Il a contribué à donner à la thématique des droits de l’homme toute sa portée chrétienne (Dieu merci, les droits de l’homme). Sa vision de la nation et particulièrement de la vocation de la France, attentive aux choix spirituels dans lesquels les hommes ont eu à s’investir (“La naissance de la nation française”), lui permet de rendre compte de la diversité des composantes de notre pays et d’appeler tous ses citoyens au meilleur d’eux-mêmes. En célébrant les martyrs et les saints, le cardinal Lustiger s’attacha toujours à montrer l’engagement de la liberté dans la vérité et l’amour. De bien des manières, il a rappelé la dignité des pauvres, des petits, des oubliés (Prenez place au cœur de l’Église, Soyez heureux). Tout au long de ses discours et de ses écrits, court l’idée que l’homme est responsable devant Dieu et devant les autres hommes de la destinée de l’humanité.
Le projet du collège des Bernardins, dernier grand projet lancé par le cardinal Lustiger et poursuivi par Mgr Vingt-Trois jusqu’à son ouverture au public en septembre 2008 par le pape Benoît XVI, synthétise en quelque sorte ses grandes intuitions. La formation intellectuelle et spirituelle du peuple chrétien le rend capable de dialoguer avec respect et lucidité avec tous les courants de la culture mondiale, avec la certitude à la fois d’en recevoir beaucoup de richesses qui peuvent encore être menées au Christ et de pouvoir faire entendre la Parole de Dieu comme une source de sagesse et de liberté offerte à tous.
– Le rôle culturel des chrétiens.
– L’homme sans fin ou le redoutable paradoxe de la culture contemporaine.
L’épilogue
Le 11 février 2005, le Pape Jean-Paul II accepte sa démission (qu’il avait présentée comme tout évêque doit le faire au jour de ses 75 ans) et nomme pour lui succéder Mgr André Vingt-Trois qui avait été son collaborateur le plus proche avant de devenir en avril 1999 archevêque de Tours. Le cardinal Lustiger s’installe alors dans un pavillon de la Maison Marie-Thérèse (maison de retraite des prêtres des diocèses de Paris, Créteil, Nanterre et Saint-Denis) sans ralentir son rythme de travail : il a alors donné de nombreuses conférences et retraites, sans négliger sa participation aux congrégations romaines. Il a en particulier continué à travailler au dialogue avec le monde juif, notamment lors des multiples célébrations des 40 ans de la déclaration Nostra Aetate.
En septembre 2006, un cancer a été diagnostiqué. Le 17 septembre 2006, il célèbre ses 80 ans par une messe à Notre-Dame de Paris. Sans ralentir vraiment ses activités jusqu’à ce que la douleur l’y oblige, le cardinal Lustiger a suivi le traitement nécessaire. Il a rejoint la maison du Père le dimanche 5 août 2007.