Les études au service de la vocation
Il peut être tentant de considérer les études au séminaire comme un élément inférieur à la formation humaine et spirituelle. L’Église aurait besoin de saints, pas d’intellectuels. Et pourtant…
Ma vocation s’inscrit dans la foi de l’Église et à la suite des pères, théologiens, philosophes et exégètes qui l’ont méditée. Par les études, j’apprends à découvrir l’œuvre commune forgée par ces illustres prédécesseurs. Par leur intermédiaire, je rentre dans l’intelligence de la foi et celle-ci m’ouvre à la contemplation des mystères-mêmes que je souhaite servir.
Je me souviens d’un cours d’Écriture sainte qui, passionnant intellectuellement, a surtout nourri mon oraison plusieurs jours. Si l’apport spirituel des études au séminaire est bien réel, la dimension humaine n’est pas en reste : souvent exigeant, le travail intellectuel nous demande humilité, patience et persévérance, trois qualités indispensables à celui qui désire consacrer sa vie au Seigneur et à son Église dans le sacerdoce.
Ainsi, au même titre que les apostolats ou la vie communautaire, les études, participent-elles pleinement à mon discernement et à l’affermissement de ma vocation.
Identifier les moyens que Dieu a pris pour nous appeler, c’est faire un peu comme les patriarches qui, jadis, bâtissaient un autel pour imprimer l’œuvre de Dieu dans la création et dans leur vie spirituelle.
Je vois deux moyens privilégiés. D’abord, le Seigneur appelle par l’exemple. Cela peut étonner, à l’heure où l’idée du prêtre comme modèle est battue en brèche. Mais pour l’enfant que j’étais, ce fut une joie fondatrice de voir autour de moi bon nombre de prêtres heureux. Leur vie me paraissait simple et leur mission avait quelque chose d’attirant et faisait ainsi grandir en moi la présence de Dieu. C’est par ces exemples qui ont jalonné ma route que j’ai pu croire à la possibilité d’être prêtre. La bonté du Seigneur est telle qu’aujourd’hui, certains de ces prêtres sont devenus des amis, des frères. Je peux compter sur eux pour m’encourager sur la voie que j’ai prise résolument.
Mais les modèles ne suffisent pas, le temps les érode. Que reste-t-il alors ? Le désir ! Voilà le second moyen que Dieu dépose dans nos cœurs, en tout cas dans le mien. Au début du séminaire c’est un désir de service, un désir très profond de se donner, puis vient le désir d’aimer Dieu, de le chercher.
L’enjeu n’est donc plus de construire des autels pour Dieu dans ma mémoire, comme le faisaient les patriarches. Plutôt que de scruter mon histoire pour y chercher les signes d’un appel de Dieu, je désire suivre les traces que le Christ laisse devant nous. Si je crois dans l’appel du Seigneur au sacerdoce, c’est parce qu’il me donne de désirer cet état de vie. Le désirer de toutes mes forces. Et pour répondre à son appel, je l’appelle à mon tour dans ma prière et dans ma vie. Comme dans les psaumes, je lui dis :
Tout mon désir est devant toi, et rien de ma plainte ne t’échappe. […]C’est toi que j’espère, Seigneur : Seigneur mon Dieu, toi, tu répondras. (Ps 37, 10.16)
Antoine