Confinés dans un foyer d’étudiant !

Hermine, Axelle et Jean-Baptiste résident au foyer Jean-Marie Lustiger, un foyer d’étudiants à Paris. Ainsi que les autres résidents du foyer, ils ont décidé de vivre ensemble le confinement de l’automne 2020.

Aviez-vous le choix de rentrer dans votre famille pendant ce confinement ? Si oui, qu’est-ce qui vous a motivé à rester ?

Hermine : Oui, nous avions le choix de rentrer, mais j’ai préféré rester au foyer. Ayant passé déjà le premier confinement avec ma famille, je voulais avoir un espace avec d’autres jeunes et surtout pouvoir découvrir la vie étudiante, sans mes parents.

Axelle : J’aurai pu choisir de rester dans ma famille mais j’ai eu envie de passer du temps avec les autres jeunes du foyer et j’ai imaginé que ce serait plus facile pour moi de travailler avec d’autres étudiants, en profitant des locaux du foyer (maisonnées, salles d’étude, salle de jeux, jardin, oratoires, église).

Jean-Baptiste : J’aurais pu rentrer chez mes parents. Toutefois, plusieurs éléments m’ont fait rester au foyer :
1. j’avais déjà passé le premier confinement chez eux et même s’il s’était bien passé, je souhaitais passer ce second confinement dans d’autres conditions ;
2. pour des raisons académiques, je préférais rester à Paris où je savais que je travaillerais mieux ;
3. enfin, et ceci a été l’argument décisif pour rester, on continuait d’avoir la messe au foyer.

Dans quel domaine étudiez-vous ? Avez-vous beaucoup de cours en visio depuis le début de l’année ?

Hermine : Je suis en première année d’Histoire de l’Art à Nanterre , et depuis le début de l’année, nous étions une semaine sur deux en présentiel. Avec le confinement , nous avons eu tous nos cours en visio, ou bien les professeurs nous donnaient les polycopiés le jour même sur une plate forme dédiée.

Axelle est en master de sciences économiques et sociales

Axelle : J’étudie les sciences économiques et sociales en master et je prépare le concours du CAFEP (enseignement). Mes cours en visio ont commencé mi-Octobre.

Jean-Baptiste : Je suis élève à l’École des chartes. Vu les effectifs des promotions, les conditions étaient réunies pour que les cours soient assurés en présentiel jusqu’à ce que le confinement soit décrété. Aussi, je n’ai eu qu’une semaine de cours en visio au début du confinement, avant mes partiels mi-novembre.

Avez-vous réussi à maintenir un rythme de travail à peu près correct ? Qu’est-ce qui est difficile ?

Hermine : C’est justement le fait d’être restée au foyer et d’avoir ainsi d’autres jeunes à côté qui m’a permis d’avoir un bon rythme de travail. Après quelques jours où nous étions un peu tous dans notre coin, nous avons pris peu à peu un rythme collectif, en descendant dans les salles communes pour travailler. Mine de rien, voir que d’autres sont là aussi à travailler, ça permet de se motiver ! Le fait de ne pas avoir de contact direct avec les autres jeunes de ma licence a été compliqué, surtout pour nous qui étions en première année et découvrions la vie universitaire.

Axelle : Avec quelques étudiants, on commençait la journée par la prière du matin à 7h30, ce qui nous permettait de commencer à travailler ensemble dans la salle d’étude du foyer à 8h. On faisait quelques pauses dans le jardin dans la journée, en chantant, en rigolant ou en se défoulant. Cette routine s’est installée assez rapidement et nous a bien aidé à garder un bon rythme de travail !
Parfois c’était difficile pour moi de rester concentrer sur mon travail et de ne pas me laisser tenter par les propositions de jeux, sports, chants ou discussions… des autres étudiants.

Jean-Baptiste : Il y avait avant le confinement une ambiance de travail au foyer mais elle a été accentuée lors des mois de novembre et décembre dans la mesure où la majorité des résidents avait ou allait avoir ses partiels. Cela a été particulièrement porteur.
Le plus difficile, d’une certaine façon, a été de garder un rythme de vie équilibré, de travailler ce qu’il fallait, ni trop ni trop peu.

Est-ce que l’ambiance du foyer était différente pendant le confinement ? Qu’est-ce qui a changé ?

Hermine : Je ne peux pas vous dire si l’ambiance était vraiment différente puisque nous avions eu seulement un mois avec le foyer au complet, mois qui était celui d’acclamation à notre « nouvelle » vie. Mais il est vrai que nous avons tout fait pour essayer de garder une ambiance agréable, en se voyant dans les espaces communs ou juste en discutant avec les autres. C’est en travaillant avec d’autres jeunes et en prenant l’initiative de descendre pour rencontrer les autres dans les espaces communs pour jouer ou discuter ensemble qui nous a rapproché.

Axelle : Pendant le confinement, on a appris à mieux connaître les étudiants avec qui on était déjà proches avant le confinement et ceux avec qui on n’avait presque jamais parlés.
On a pu davantage jouer, débattre, danser, faire du sport et prier ensemble !
Dans ma maisonnée, on a appris à faire beaucoup plus attention les unes aux autres, à respecter nos différents besoins. Il y avait une bonne ambiance fraternelle !

Jean-Baptiste : Les liens entre les résidents ont été renforcés parce qu’on a passé beaucoup plus de temps ensemble. Des initiatives très chouettes ont été mises en place (soirées jeu, soirées cinéma, dîner de Noël) et ont permis de mieux se connaître. La cohésion de notre unité de vie a vraiment émergé lors de cette période.

Quels ont été les plus pour vous dans le fait d’être là : amis, vie de prière, engagement, études... ?

Hermine : Tout ! Je dirais qu’être au foyer pendant le confinement a été un plus tout simplement. Nous avions une vie de prière assez rythmée : messe tous les jours avec la prière le matin et les complies le soir. A noter que tout cela n’est pas obligatoire, ce qui nous laisse la liberté d’y aller de son plein gré ! Le fait d’avoir été poussée en début d’année à prendre un engagement au sein du foyer a aussi été très bénéfique car cela permet de se donner des temps de repos, et de donner du temps pour les autres. Pour ma part, j’étais dans l’équipe liturgie : nous animions la messe du dimanche soir et du mercredi, et nous prenions une bonne heure au minimum afin de pouvoir s’échauffer et répéter !
L’ambiance de travail était excellente : nous nous retrouvions entre « habitués » de la salle Lustiger chaque jour pour travailler, nous faisions des pauses ensemble afin de pouvoir se détendre et papoter un peu, dans le jardin par exemple ou dans la salle Mozart. On forge des amitiés avec les autres jeunes, que ce soit dans notre maisonnée ou avec les jeunes des autres maisonnées, et c’est vraiment agréable de pouvoir discuter librement quelle que soit la différence d’âge. Nous avons pu continuer les soirées du parcours Alpha entre nous et par visio ainsi que des soirées ou nous jouions ensemble.

Axelle : J’ai beaucoup aimé commencer la journée par la prière avec quelques-uns, la prière communautaire aide à être fidèle dans sa foi !
Travailler dans la salle d’étude avec d’autres étudiants, ça m’a aidé à suivre mes cours et à rester motivée dans mon travail.
Mon engagement au sein du parcours Alpha campus du foyer a pu heureusement être maintenu, avec quelques participants extérieurs qui nous rejoignaient en ligne.

Jean-Baptiste : Vraiment le fait de développer des liens avec les résidents qui sont restés et de voir s’installer des dynamiques positives, que ce soit pour le travail, la prière, etc.

Quelles difficultés dans la vie au foyer ont pu apparaître pendant le confinement ?

Hermine : Nous avions tous des rythmes différents et essayer de se retrouver et faire un point sur la tenue des espaces communs de la maisonnée par exemple, était compliqué. Le fait de vivre aussi tout le temps avec les mêmes personnes et ne pas pouvoir avoir un contact avec des jeunes qui font les mêmes études que nous a été compliqué. Mais finalement, en vivant tous ensemble, on apprend à se connaître et à se corriger. Dans notre maisonnée, nous avons un mot d’ordre qui est la correction fraternelle : si l’une d’entre nous fait quelque chose de mal, nous nous devons de lui faire remarquer, mais dans la douceur.

Axelle : Pendant le confinement, on était tout le temps ensemble donc c’était parfois dur de se mettre à l’écart du monde pour prendre du temps pour soi et du recul sur sa vie quotidienne, étudiante, communautaire et spirituelle.
A l’approche des examens, on a vu la différence : on travaillait beaucoup plus et on était moins disponible (disponibilité de temps et d’esprit) pour la vie communautaire.

Jean-Baptiste : Inéluctablement, le fait de passer toutes nos journées ensemble a pu exacerber les problèmes du quotidien – autour de la vaisselle en particulier.
Le développement des activités a fait que l’emploi du temps était in fine assez chargé et il n’était pas toujours évident de trouver du temps pour soi, en raison des multiples sollicitations.

Qu’est-ce que vous avez tiré de positif ?

Hermine : Je crois que le confinement a vraiment été bénéfique pour moi : j’ai pu découvrir des choses sur moi par moi-même ou bien en parlant avec les autres. Ce qui est vraiment bien, c’est que les jeunes présents dans le foyer sont âgés de 17 à 26 ans , mais nous ne faisons pas vraiment de différences, les plus âgés et les plus jeunes peuvent parler ensemble sans aucun problème, que ce soit de sujets légers ou plus sérieux. J’ai pu aussi renforcer mon rythme de travail.

Axelle : Au sein de notre maisonnée mais aussi avec les autres jeunes du foyer, on a appris à communiquer entre nous, à avoir des relations plus profondes, à être plus en vérité avec les autres, à nous soutenir dans les moments plus difficiles.

Jean-Baptiste : Contrairement au premier confinement qui a plutôt été un temps d’attente pas toujours très constructif, à aucun moment je n’ai eu l’impression de perdre mon temps ou de ne pas mettre à profit cette période particulière.

Est-ce que vous conseillez la vie en foyer en temps de confinement ?

Hermine : Oui ! Mille fois oui ! La vie en foyer, surtout en temps de confinement nous permet de nous recentrer sur nous-même et sur les relations que l’on crée au sein du groupe. Le fait de ne pas pouvoir sortir nous oblige aussi à aller voir les autres et à faire plus attention à eux. Je sais que j’ai découvert des personnes extraordinaires durant ce confinement, que je n’ai pas senti passer ce temps de confinement tant l’ambiance était agréable.

Axelle : Après l’expérience que j’ai vécu au foyer, je conseille à tous les étudiants la vie en foyer et le confinement en foyer !

Jean-Baptiste : Oui, sans hésiter.

Pour en savoir plus sur le foyer : www.foyerlustiger.fr

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