Témoignage du père Cyrille Janssen

Avant d’entrée au séminaire de Paris à 23 ans, j’ai fait une école de commerce. Pour être honnête, je ne me souviens plus vraiment du contenu de mes cours mais je sais que ces années étudiantes ont été importantes : à travers des expériences plus ou moins heureuses, j’ai été poussé à questionner le sens de ma vie. Cette question a en réalité commencé dès le collège. Au début c’était très discret, puis Dieu m’a comme « séduit ». Il a parlé à mon cœur, m’a fait sentir sa présence et a éveillé ma liberté.

De mon côté, le chemin pour y répondre a été laborieux et même douloureux. La peur, le doute et le manque de confiance étaient là. Le déclic s’est fait le jour où j’ai compris que Dieu n’était pas le concurrent de mon bonheur : s’il me proposait d’être prêtre, c’était bien parce qu’il le voulait et qu’il était prêt à m’aider. Jusqu’alors, je peinais à reconnaître que c’était lui qui m’appelait et je me sentais incapable de répondre positivement. Quand un proche ou une personne que je connaissais à peine me demandait si je voulais être prêtre, je répondais sèchement « non » ! Mais vint un jour, où mes yeux s’ouvrirent et je compris alors que c’était Dieu qui, en réalité, me parlait à travers ces intermédiaires. Je découvris aussi qu’en me disant « veux-tu », il s’adressait à ma volonté et non pas à mes capacités. La différence est importante. Cela m’a d’ailleurs libéré : en lisant la Bible ou la vie des saints, on remarque en effet que le Christ n’appelle pas ceux qui sont capables mais qu’il rend capable ceux qu’il appelle.

À la fin de ma formation au séminaire, durant mon année de diacre, j’ai été marqué par un cours sur l’anthropologie chrétienne. J’en avais déjà eu plusieurs pendant le séminaire, mais celui-ci insistait sur l’homme nouveau que le chrétien devient par son baptême. J’ai alors pris davantage conscience du trésor inestimable et bien souvent ignoré que tout chrétien reçoit par son baptême. Être baptisé, c’est avoir la Vie du Christ ressuscité en soi ! C’est être le temple de l’Esprit Saint. À nous de considérer cette présence, de collaborer avec elle et de la déployer dans notre existence. Je ne doute pas que le plus beau cadeau que nous puissions faire au monde, c’est que nous prenions au sérieux notre baptême et que nous en vivions avec joie et audace car l’Évangile, c’est notre ADN.

Après six ans passés à Notre-Dame de La Gare (13e), me voici appelé à me mettre pleinement au service des étudiants et des jeunes professionnels de notre diocèse. Avec une équipe de jeunes et de laïcs en mission, nous voulons être les instruments du Seigneur pour qu’il rejoigne chacun et lui fasse sentir sa présence, son amour et sa paix. Nous avons conscience que les défis sont nombreux : notre société est aujourd’hui traversée par une crise aux multiples facettes, mais les Ténèbres n’arrêtent pas la Lumière. Le chemin est certes délicat, mais nous pouvons apprendre à jouer la partition de l’Évangile. Au début de l’été, j’ai eu la grâce de partir à Assise avec quelques jeunes professionnels et étudiants. La figure de saint François d’Assise nous a marqués : cet homme n’avait aucune volonté de réformer l’Église abimée de son époque. Mais après avoir rencontré le Seigneur, celui-ci l’a appelé à reconstruire son Église. François est l’une de ces figures qui se mettent entièrement à l’école du Christ. Parce qu’il vit l’évangile du Christ à la manière du Christ, il est ainsi devenu transparent au Christ.

C’est également cela que je souhaite pour tous les jeunes : leur permettre de vivre une rencontre intime et personnelle avec le Christ vivant au point d’accepter de se laisser transformer par lui et ainsi devenir dans notre monde une page vivante de l’Évangile. Puisse la Vierge Marie nous aider, elle qui nous accompagnera particulièrement en cette année qui nous conduira aux JMJ de Lisbonne.

Que le Seigneur bénisse chacun d’entre vous et vous accompagne dans toutes vos démarches.